Alors que la pandémie a replacé la santé au cœur des préoccupations politiques et sociales, les Big Tech étrangères – américaines et chinoises – se sont mises en ordre de marche pour s’implanter sur ce marché de 10 000 milliards de dollars au niveau mondial. Un rapport de l’Institut Sapiens – en partenariat avec Qare, pionnier de la téléconsultation en France – estime que la constitution de géants européens de la e-santé, par la mise en réseau d’acteurs existants de la Health Tech européenne, permettrait de résister à la concurrence des géants étrangers et de bâtir une Europe de la santé forte et efficace. Un idéal vers lequel tendre mais qui devra s’accompagner d’une évolution de la règlementation à l’échelle européenne :
• Impulser une politique commune des données
• Favoriser une politique commune d’innovation
• Créer une convention européenne d’e-santé visant à accélérer la coordination des pays en la matière
Dans toute l’Europe, la crise sanitaire a accéléré le développement de la santé numérique et ces nouvelles habitudes sont amenées à perdurer au-delà de la crise du Covid-19. A l’échelle de la France par exemple, 88 % des Français utilisent ainsi au moins un service numérique de santé, et 30 % ont déjà eu recours à la téléconsultation (soit 23 points de plus qu’avant la pandémie) [Etude CSA pour France Assos Santé – Juin 2021 – Menée auprès de 1500 Français représentatifs de la population française âgée de 18 ans et plus].
Une telle évolution aiguise l’appétit des grandes entreprises mondiales, et notamment celui des Big Tech, américaines comme chinoises. Leur taille leur permet d’innover rapidement et de chercher à s’imposer sur ce marché concurrentiel.
« Face à ce constat, l’Europe n’a pas d’autres choix que de faire émerger ses propres champions, respectueux des spécificités nationales et plus aptes à répondre aux problématiques du continent. Et ce afin de ne pas rester au bord du chemin en ordre dispersé ! », estime Olivier Babeau, président de l’Institut Sapiens.
L’Europe de la e-santé est déjà une réalité
Depuis de nombreuses années, les pays européens partagent des valeurs en santé, faisant exister une Europe de la santé de facto. A commencer par l’idée que toute la population doit bénéficier de soins de qualité ! Les pays européens ont également une vision commune de la déontologie médicale, de la protection à accorder aux données personnelles et de la formation des acteurs. Enfin, tous sont confrontés à des défis similaires, au premier titre desquels le vieillissement de leur population.
Par ailleurs l’Europe de la e-santé est une réalité qui fait sens aujourd’hui avec un écosystème de Health Techs dense et diversifié. Si l’on sélectionne les entités matures, pertinentes et innovantes en Europe, ce ne sont pas moins de 441 startups qui opèrent dans différents champs d’activités, dans près de 35 pays européens sélectionnés pour l’étude. Un ensemble qui demeure néanmoins encore trop éclaté pour faire face à la concurrence des GAMAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) ou des BATHX (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi).
L’accélération économique de cette Europe de la e-santé, à travers des champions européens, sera la clé pour lui donner corps !
144 milliards de PIB supplémentaires en 5 ans
L’enjeu n’est pas la naissance d’un champion unique et exclusif, mais l’émergence de 4 ou 5 géants européens capables de proposer des bénéfices aux patients comme aux professionnels de santé. La naissance de ces champions européens de la santé pourrait créer plus de 144 milliards d’euros de richesses d’ici 5 ans en termes de PIB en améliorant le bien-être des patients et la pratique des professionnels, ainsi qu’en renforçant la cohérence et la qualité des parcours de soins.
Si l’Europe de la e-santé dispose aujourd’hui des acteurs nécessaires, des valeurs communes et d’objectifs partagés pour tendre vers cette construction, la naissance d’un catalyseur demeure essentielle pour fédérer la Health Tech européenne.
Un cadre réglementaire qui doit évoluer
Parvenir à créer un tel espace intégré dépend avant tout du volontarisme du secteur public. Des ajustements législatifs sont indispensables. D’abord pour impulser une politique commune sur les données, en renforçant le RGPD pour les acteurs extra-européens et en créant des entrepôts de données ouverts. Le développement d’un référentiel commun est incontournable en Europe pour faciliter l’utilisation paneuropéenne de ces données.
Il s’agit aussi de favoriser une politique commune d’innovation, en offrant aux entreprises de la e-santé des conditions de croissance similaires au sein de l’espace européen. L’étude préconise de dupliquer les agences de type BPI dans les différents pays européens afin de faciliter l’incubation, et de mettre en réseau ces agences.
Enfin, créer une « convention européenne de la e-santé », sous forme de conseil des pays concernés, permettrait de proposer des modifications aux États-membres destinées à harmoniser leurs définitions des soins et des traitements.
Pour Olivier Thiery, CEO de Qare, « parvenir à créer un espace intégré de 600 millions de patients est un enjeu de souveraineté majeur, la condition pour que l’Europe ne se laisse pas dicter ses standards médicaux par des entreprises basées à l’autre bout du monde. »
Télécharger l’étude complète ici.