La mission de la Société Eau de Marseille Métropole (SEMM), filiale du groupe Veolia, est de distribuer une eau de qualité aux 18 communes du Conseil de territoire Marseille Provence – de Sausset-les-Pins à la Ciotat, soit plus d’un million d’habitants. Mais dans le réseau constitué de 3000 kilomètres de tuyaux, il existe des fuites ! Le rendement hydraulique en eau potable est estimé à 87% par Lionel Ercolei, directeur de l’innovation, soit 13% de perte (environ 15 millions de m³/an). Un ratio que la SEMM, délégataire de la Métropole Aix-Marseille Provence jusqu’en 2028, juge « satisfaisant », mais perfectible.
Problème, les appareils acoustiques hydrosol et autres gaz traceurs utilisés par les douze employés de la SEMM ne suffisent pas toujours à détecter rapidement la faille. Notamment lorsque la zone est difficile d’accès ou que les canalisations sont trop épaisses. Alors pour gagner en efficacité et éviter le gaspillage, la société des eaux de Marseille a flairé la bonne idée. Elle sollicite des maîtres-chiens, et plus particulièrement leurs bêtes. Une première en France. Nous avons été invités lundi 22 novembre à une démonstration de ce projet encore expérimental, qui pourrait bien aboutir à un développement opérationnel l’année prochaine.
Quand l’oreille est en difficulté, on fait appel aux chiens.
François Bourdeau
Nathalie Delon, cynotechnicienne chez KYROC Consulting, et Kiry qui vient de détecter une fuite d’eau chlorée
Mais comment ces chiens font-ils pour détecter les fuites d’eau ? Ils sont en réalité entraînés à détecter la molécule de chlore, présente dans l’eau, et dont l’odeur est perceptible en cas de fuite. « C’est comme un jeu pour eux », s’amuse François Bourdeau, militaire retraité reconverti en cynotechnicien¹, à l’occasion d’un entraînement à la Batarelle (14e).
Les chiens n’ont pas vocation à remplacer les techniciens, mais simplement à les assister, à gagner en rapidité d’intervention. « Ils viennent en complément des chercheurs de fuites », signale la SEMM. Cependant, « ils ne sont pas encore opérationnels », tempère François Bourdeau. Kelly, Kiry, Nina et Nanky, les chiens entraînés, n’en sont qu’à la “phase deux” du projet pilote. La société des eaux espère déployer sa brigade canine anti-fuites au premier trimestre 2022.
Phase 1 : le créancement ; déterminer si cette technique est envisageable
Phase 2 : entraînement et éducation des chiens ; la phase en cours
Phase 3 : le développement opérationnel ; prévu au premier trimestre 2022
Le réseau en eau potable du CT1 est quadrillé et numérisé grâce à des data-logger – sorte de compteurs qui lancent une alerte à la SEMM lorsque le rendement chute dans une zone précise. « Les secteurs anciens et ruraux sont plus touchés, mais la fuite peut apparaître n’importe où », indique Lionel Ercolei.
Le directeur de l’innovation nous rappelle qu’il est impossible d’atteindre un rendement de 100% entre l’eau entrante et l’eau distribuée aux communes, peu importe la méthode utilisée. « Des fuites, il y en aura toujours (…) notre objectif c’est de les réduire aux maximum », remarque-t-il à notre micro. Lionel Ercolei porte toutefois de grand espoirs dans son nouveau projet. Il espère que le développement opérationnel des chiens porte rapidement ses fruits, et que cette technique inédite soit déployée rapidement par Veolia au niveau national.
François Bourdeau (K9-cyno Consultant) s’entraîne à traquer les fuites d’eau dans les hauteurs de la Batarelle (14e)
- Une équipe cynotechnique désigne l’association homme(s)-chien(s). L’homme comme le chien sont formés par des moniteurs brevetés “sécurité civile” qui apportent leur savoir-faire et compétences de près de 30 années de pratique de terrain (source : protection-civil.org)
Liens utiles :
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