Consultations de 30 à 100 euros, PDSa valorisée, délégations de tâches… comment la CSMF veut peser sur la présidentielle Leave a comment

Afin de contrer les “mauvaises idées” qui “sont légion” actuellement dans le débat public pour remédier à la crise du système de santé, la CSMF livre un “programme présidentiel” en cinq axes pour la mandature à venir.  Reste à savoir si les candidats à l’Elysée s’inspireront de ces idées, et, à partir de là, quels moyens seront alloués pour leur réalisation.

 

“Ma Santé 2022-2027”. Tel est le nom, clin d’œil à la stratégie “Ma santé 2022” – du programme préparé par la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), en vue de l’élection présidentielle. “Notre objectif est de permettre à tous les Français, quelle que soit leur catégorie sociale, quel que soit leur lieu de vie, d’accéder à des soins partout, mais d’accéder à des soins de qualité”, présente le Dr Jean-Paul Ortiz, qui insiste sur le fait que les docteurs en médecine ne doivent pas être réservés aux grands centres urbains ou aux populations les plus fortunées. Or pour le président de la CSMF, la qualité de la prise en charge exige une “réforme refondatrice centrée sur cinq axes majeurs” : la gradation du système de santé, la prévention et l’observance, l’innovation en santé, la coordination autour du patient, la valorisation de l’expertise.

 

Développer la PDSa et le SAS

Pour la CSMF, il est “indispensable”, de faire reposer le système de santé, aujourd’hui hospitalo-centré, sur la médecine de ville. Or pour que la médecine de ville puisse prendre en charge les demandes de premier et deuxième recours à tout moment, il faut qu’elle soit “revalorisée et organisée”. Le syndicat propose ainsi d’intégrer le samedi matin dans la PDSa, mais aussi de valoriser la participation des médecins spécialistes non généralistes au dispositif de permanence des soins. Il considère qu’en journée, le SAS justifie une valorisation complémentaire : “un acte régulé, réorienté vers un médecin généraliste, qui accepte de participer au SAS, doit bénéficier d’une valorisation de 15 € par acte”.

Ensuite, pour pouvoir s’appuyer sur la médecine spécialisée de ville, il convient, pour l’organisation, de modifier “la majoration d’urgence pour le médecin spécialiste sollicité”, qu’il le soit par un MG ou par un médecin régulateur du SAS. Le syndicat propose d’ “élargir la majoration actuelle de 15 € pour un rendez-vous dans un délai maximum de cinq jours au lieu de 48 heures actuellement”. “Ce n’est donc qu’après une prise en charge coordonnée en ville que le patient pourrait être adressé à l’hôpital, y compris en urgence”.

 

Mettre la prévention et l’innovation au coeur

Le système de santé défendu par la CSMF se veut plus préventif et innovant. Préventif d’abord, l’organisation propose de développer “une consultation longue de prévention” à certains âges clés, tels que l’adolescence ou la quarantaine, autour de thématiques comme les conduites addictives par exemple. Ces consultations “pourraient être largement financées si elles étaient couplées à des consultations d’observance”, estime le syndicat, qui prône le développement de ces dernières et de l’éducation thérapeutique du patient.

La CSMF veut également miser sur l’innovation et l’utilisation du numérique. Le syndicat appelle notamment de ses vœux “l’implantation de la téléexpertise et de la télésurveillance dans le parcours de soins du patient”. Or cela suppose “une rémunération digne de l’enjeu” – de l’ordre de celle des expérimentations en cours, soit 600 € par patient pour l’industriel fournissant le dispositif connecté, 200 € par patient et par an pour le médecin et 120 € pour l’infirmière libérale -.

 

Conférence de consensus, assistants médicaux, IPA…

La coordination – entre généralistes et médecins des autres spécialités mais aussi entre médecins et les autres professionnels de santé -, est “l’enjeu majeur” de demain fait savoir la CSMF, et ce afin de mieux structurer le parcours de soins, dans lequel le médecin doit rester au cœur. Pour construire cette coordination, elle propose une conférence de consensus entre les différentes professions de santé, avec leurs syndicats représentatifs. Celle-ci, “dans un délai contraint de six mois”, aurait pour mission de mettre sur la table des évolutions des contours des métiers.

En outre, pour construire la coordination dans les territoires, le syndicat appelle à soutenir “toutes les initiatives, sous toutes leurs formes”, en sus des MSP et CPTS : accompagnement “avec un financement adéquat” des équipes de soins primaires ; soutien des équipes de soins spécialisés en projet ou en cours via le FIR… Mais aussi développement des assistants médicaux, des IPA, pour permettre aux médecins de se concentrer sur leur cœur de métier.

 

Revaloriser la consultation

Pour la CSMF, “si on veut engager une délégation de tâches qui permette de dégager du temps médical en déchargeant le médecin de choses simples, il faut obligatoirement revaloriser sa consultation et favoriser l’expertise”. Elle propose ainsi des tarifs de consultation étalés sur quatre niveaux : 1) suivi habituel de patient connu : autour de 30 €. 2) avis ponctuel pour un médecin consultant, une première prise en charge de patient qui change de MT avec constitution du volet de synthèse médicale : 60 €. 3) consultation spécifique complexe (psychiatrie, neurologie, endocrinologie) ou visite longue à domicile : 75 € . 4) consultations très complexes particulièrement longues (ex : annonces en cancérologie) : 100 €. Ils doivent être “tous les quatre accessibles à tous les médecins, quelle que soit leur spécialité, y compris aux médecins généralistes”, insiste le Dr Ortiz.

 

Un budget estimé à 3 milliards

Qui dit ambitions, dit moyens. Reste donc à savoir quels seront ceux alloués aux soins de proximité. “Une nouvelle convention ne pourra pas voir l’accord des médecins libéraux sans un budget estimé à trois milliards”, prévient le Dr Jean-Paul Ortiz. 3 milliards “en année pleine”, précise-t-il, car il faut prendre en compte les 6 mois de stabilisateur économique et l’étalement des mesures par la Cnam. Le néphrologue, pour sa part, observera d’un peu plus loin qu’aujourd’hui les transformations à venir du système de santé. Après huit années “d’engagement et de combat”, il a rappelé, un brin ému, qu’il ne se présentait pas pour un troisième mandat.

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