Tribune. La pandémie de Covid-19 a révélé aux Français la grande fragilité de notre système de santé, censé être le meilleur au monde. Maintenu péniblement à flot par des soignants à bout de force physique et psychique, il n’a pas pu éviter une crise sociale et économique grave et durable.
Pourtant, depuis quarante ans, chaque gouvernement a fait sa loi de santé, et investi des dizaines de milliards d’euros, dont 19 milliards dans le cadre du Ségur de la santé, et plus encore pour lutter contre le virus. Un cataplasme sur une jambe de bois, une gabegie, qui s’explique en partie par des approches erronées de la maîtrise des dépenses de santé. D’abord, le numerus clausus pour la formation des médecins, créé en 1971, et fixé à 8 588, a atteint son niveau le plus bas, 3 500, en 1993, ce qui conduit aujourd’hui à une pénurie de praticiens dans bien des secteurs. Ensuite, les hôpitaux transformés en usines à production de soins (la tarification à l’activité, dite T2A a été lancée à partir de 2004), avec obligation de rentabilité financière, ont perdu 80 000 lits depuis 2000.
A la suite de ces mesures, la part de la consommation de soins et de biens médicaux dans le PIB a été multipliée par 3,5 entre 1950 et 2015,des déserts médicaux sont apparus partout en France, et la capacité hospitalière est devenue très insuffisante au regard du vieillissement de la population et d’une prévalence croissante des maladies chroniques et des polypathologies. La pandémie a révélé qu’il n’était pas possible de protéger sa santé sans protéger son environnement et la santé animale.
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Sans surprise, une majorité de Français fait de la santé la question prioritaire. Malheureusement, la campagne électorale semble faire fi de ce sujet. Pourtant, l’année qui suit l’élection présidentielle est propice aux actions disruptives en matière de gouvernance, de financement et d’organisation.
La Sécurité sociale pour guichet unique
Le prochain gouvernement devrait comporter un ministère de la santé globale, ministère d’Etat, regroupant les affaires sociales, la santé, l’agriculture et l’environnement, pour une approche intégrative de tous les déterminants de la protection de la santé des Français. Par exemple, la fusion de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et de celle de la sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) serait une mesure de gestion plus efficiente de la santé globale.
Le financement du système de santé devrait garantir le droit constitutionnel à la protection de la santé. La protection universelle maladie (PUMA) est un socle solide pour cette garantie. L’accessibilité financière aux soins serait confortée en faisant de la Sécurité sociale le guichet unique, charge à elle de recevoir les contributions des autres financeurs, organismes complémentaires, administrations centrales et locales. La part des ménages devrait être nulle.
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