En 2021, la ruée vers l’or des « healthtech » en France Leave a comment

Après deux ans de crise, les sociétés de « healthtech » françaises (2 000 entreprises dans l’Hexagone) ne se sont jamais aussi bien portées. Biotechnologie, e-santé, diagnostic ou dispositif médical : les jeunes pousses tricolores ont enregistré une année record en 2021, selon le panorama du secteur dévoilé le 15 février par France Biotech.

Ainsi, les start-up tricolores de healthtech ont collecté un montant record de 2,3 milliards d’euros, en croissance de 50 % par rapport à 2020 ! Avec un financement multiplié par deux entre 2020 à 2021, les start-up européennes rattrapent progressivement les États-Unis, leader dans ce domaine. « Pour la première fois, nous avons observé des levées de fonds supérieures à 100 millions de dollars en Europe », détaille Cédric Garcia, associé chez EY et consultant en financement. Et de citer la société francilienne de biotech’ « DNA Script », commercialisant des dispositifs de synthèse d’ADN et qui a signé un tour de table à 172 millions d’euros…

Carte à jouer

« Un cap a assurément été franchi au cours de cette année, se réjouit Franck Mouthon, président de France Biotech. À nous d’ancrer cette dynamique et de démontrer que la France a une carte très forte à jouer dans l’innovation en santé ».

Signe du dynamisme du secteur, la capitalisation boursière des healthtech françaises est passée en une année de 12,9 à 16,2 milliards d’euros, « et ce en dépit de résultats cliniques parfois décevant », pondère Guillaume Morelli, directeur Listing France d’Euronext. Les thérapies vaccinales ont dopé le succès boursier des start-up tricolores. « La progression a notamment été alimentée par Valneva, société nantaise qui développe un vaccin Covid, et qui enregistre fin 2021 une capitalisation boursière de 2,7 milliards d’euros », ajoute Guillaume Morelli.

Business model incertain 

Désormais, nombre de jeunes pousses arrivent à maturité. Selon le panorama de France Biotech, deux tiers des sociétés françaises de dispositif médical – dont la moitié créée il y a 5 ans – sont au stade de commercialisation. Avec 50 000 salariés, la filière tricolore des healthtech concentre notamment 42 % de sociétés de biotech, 22 % de medtech – des dispositifs médicaux – et 16 % d’entreprises de e-santé. En 12 mois, les entreprises de télémédecine et de télémonitoring ont gagné 6 points de part de marché, passant de 20 % du secteur e-santé en 2021 à 26 %.

Certaines tendances lourdes se dessinent. 53 % des solutions de santé numérique (objets connectés, diagnostic assisté par ordinateur, thérapie digitale, etc.) intègrent de l’intelligence artificielle. Et la moitié d’entre elles ont obtenu le statut de dispositif médical, « malgré les difficultés pour les entreprises de e-santé de trouver un modèle financier pérenne », souligne Chloé Evans, responsable d’études chez France Biotech. De fait, compte tenu de l’émergence très rapide de solutions digitales, « les modèles de remboursement et de prise en charge existants semblent parfois mal adaptés pour les solutions numériques », justifie France Biotech. Preuve en est : seuls 10 % des entreprises de e-santé ont bénéficié d’un dispositif d’accès précoce au marché (article 51, programmes Étapes). En conséquence, une entreprise sur deux privilégie un business model basé sur la vente directe, aux hôpitaux par exemple.

Robinet de financement public

Les entrepreneurs tricolores ont largement bénéficié des aides de l’État et de Bpifrance. « Le financement à l’innovation a atteint un niveau record en 2021, avec 1,2 milliard d’aides versées aux healthtech par la BPI, soit quatre fois plus qu’en 2020 », confirme Rosalie Maurisse, directrice innovation santé chez Bpifrance. Le plan France Relance et la stratégie d’innovation 2030 ont soutenu le secteur. 421 millions d’euros ont par exemple été versés par la BPI pour le remplissage et le conditionnement des vaccins Covid, 200 millions sur les traitements symptomatiques…

Si la France reprend des couleurs, elle reste loin derrière son voisin d’outre-Manche. Le financement des healthtech en Angleterre est deux voire trois fois plus élevé que dans l’Hexagone. Aussi, la France ne compte que deux licornes en santé, ces sociétés qui dépassent le milliard de dollars de valorisation : Doctolib et Dental monitoring, solution d’orthodontie connectée.

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