L’union fait la force. Médecins et professionnels, chercheurs, patients, citoyens, élus, entrepreneurs, ingénieurs, tous devraient pouvoir contribuer à l’édification d’un système qui, s’il n’évolue pas, risque l’effondrement. Là aussi, la crise sanitaire a servi de révélateur pointant les dysfonctionnements et les retards, oubliant peu à peu de saluer les professionnels de santé qui portent un véritable combat qui n’est pas terminé, loin s’en faut. Au risque des prophéties lapidaires : l’hôpital serait au bord de l’explosion et le ministère de la Santé en voie de pachidermisation. C’est bien ce contre quoi il faut s’employer.
Antoine Tesnière, directeur de PariSanté Campus, dont le site préfigurateur devait être inauguré mardi 14 décembre 2021, se montre optimiste dans ces colonnes : «Si nous le voulons, nous pouvons tordre le cou à l’idée bien implantée d’une recherche française minée par le tout-bureaucratique». Mettez des individus ensemble, croisez les compétences, il en sortira quelque chose.
La France a sans doute payé, au début de la crise de la Covid-19, le manque de connaissance des acteurs entre eux et leur absence d’automatisme, pour mieux anticiper et parer la circulation du virus. Si Guillaume Rozier a réussil’exploit de faire naître et grandir CovidTracker, de nombreuses initiatives sont restées en cale sèche. La mise en commun et l’exploitation de données de santé mais aussi d’opérateurs de télécommunication, de banque, de transports, auraient sans doute permis de développer des modèles permettant de prédire et prévenir, un peu mieux et un peu plutôt, l’évolution de la maladie. Au passage, le recours à l’intelligence artificielle aurait permis de de faire la démonstration qu’elle peut aussi – avant tout – servir le bien commun.
Ecosystème. Si avoir développé StopCovid, ancêtre de TousAntiCovid, en moins de trois mois pourrait apparaître comme une performance sous nos latitudes, des pays comme la Chine, la Corée du Sud ou l’Estonie disposaient d’une application équivalente dès la mi-mars 2020. Et d’un public réceptif. La France a également pâti de l’incrédulité voire la suspicion d’une partie de ses citoyens quant à l’utilité et à l’efficacité de tels dispositifs pourtant plus neutres dans le maniement des données que n’importe quelle plateforme de réseaux sociaux ou de vidéos. Les Français ne sont pas technophobes pour peu qu’on leur explique les tenants et aboutissants des inventions. Pour preuve, quand il s’est agi de se faire vacciner, les Français ont massivement fait le choix d’une technologie de rupture en privilégiant l’ARN messager de Pfizer ou de Moderna au détriment de procédés, pourtant éprouvés face à d’autres virus, de vaccins à vecteur viral tels que ceux d’AstraZeneca ou de Johnson et Johnson.
Hybridation, partage, intelligence collective, savoirs, savoir-faire et talents seront, comme dans tous les secteurs économiques, les maîtres-mots de la transformation de la santé pour en faire un véritable écosystème. C’est l’alchimie que promet PariSanté Campus en permettant la fertilisation de projets scientifiques et économiques dotés ainsi des meilleures compétences même si, en dépit de son nom, il devra aller chercher aussi les pépites un peu partout sur le territoire. C’est aussi, pour les jeunes pousses, la promesse d’une cartographie des acteurs, d’accès à des réseaux et de compréhension des enjeux pour mieux financer leurs projets et ainsi répondre non seulement aux attentes des patients de plus en plus experts mais aussi de permettre aux citoyens de se prémunir. La santé prédictive – prévenir plutôt que guérir – et personnalisée, que permet le recours à l’intelligence artificielle, contribuera également à contenir des dépenses de santé contraintes par l’exigence de soin, l’allongement de la vie et le vieillissement de la population.
David Lacombled est président de La Villa numéris.