– Start-up: 60 millions levés pour la santé des femmes
L’EPFL Innovation Park et le Groupe Mutuel ont lancé la première plateforme d’innovation dans le domaine des FemTech.
Publié: 30.12.2021, 15h41
La première saison de Tech4Eva a réuni 30 start-up sous la houlette de l’EPFL Innovation Park.
KEYSTONE
La première édition de l’accélérateur Tech4Eva, lancé par l’EPFL Innovation Park et le Groupe Mutuel en mars dernier, s’est achevée le 7 décembre. L’objectif de cet accélérateur unique en Suisse était de promouvoir les nouvelles technologies et les solutions pour la santé des femmes. Cette première saison a regroupé 30 start-up qui ont innové dans des domaines tels que la fertilité, la grossesse ou encore le bien-être sexuel.
Les start-up réunies sous la houlette de la haute école ont levé 60 millions de francs. Lan Zuo Gillet, cofondatrice du programme: «La FemTech (technologies pour la santé des femmes) est un domaine sous-exploité et sous-investi. Ce marché a pourtant généré 820 millions de dollars en 2019 au niveau mondial.»
Cent dix candidats
L’annonce officielle du lancement de cet incubateur avait été faite le 8 mars, date de la Journée de la femme, comme un symbole. À la mi-avril, les fondateurs avaient reçu pas moins de 110 candidatures, «une belle surprise» pour Lan Zuo Gillet, directrice générale adjointe à l’EPFL Innovation Park. Les entreprises sélectionnées ont reçu de l’aide durant neuf mois pour développer leur modèle d’affaires et leur stratégie pour intégrer leur marché. Elles ont également été mises en relation avec des investisseurs et de potentiels clients.
«Nous avons pour objectif de devenir le centre national d’innovation pour la santé des femmes et de porter l’innovation FemTech à un niveau supérieur.»
Ursula Oesterle, présidente de l’EPFL Innovation Park
Concrètement, les start-up ont été encadrées par des experts du secteur des sciences de la vie et de la santé, mais aussi par des entrepreneurs issus de la FemTech. «Chaque projet avait un coach personnel pour les accompagner», ajoute Lan Zuo Gillet. Les échanges ont dû se faire en ligne à cause de la situation sanitaire, mais aussi parce que plusieurs start-up sont situées à l’étranger.
Rendez-vous en 2022
«Les chefs de projets ont obtenu une visibilité auprès d’investisseurs et de potentiels partenaires, continue Lan Zuo Gillet. Ils ont eu au total 104 rendez-vous d’affaires. Cela leur a permis de lever 60 millions de francs.»
Ursula Oesterle, présidente de l’EPFL Innovation Park, se félicite «d’avoir su créer un solide réseau d’entrepreneurs et un écosystème FemTech». Sophie Revaz, directrice au Groupe Mutuel se réjouit «de l’excellente collaboration entre les deux entités» qui devrait se poursuivre à l’avenir. Une seconde édition est prévue pour 2022 avec des ambitions marquées. «Nous avons pour objectif de devenir le centre national d’innovation pour la santé des femmes et de porter l’innovation FemTech à un niveau supérieur», résume Ursula Oesterle.
Carevix a l’ambition de remplacer l’ancestrale pince de Pozzi en gynécologie.
ASPIVIX
L’entreprise Aspivix, qui fait partie des onze start-up suisses retenues, a l’ambition de remplacer la pince de Pozzi. Cet instrument est utilisé par les gynécologues pour saisir et tirer le col de l’utérus avant la pose d’un stérilet. «C’est un geste douloureux pour les patientes, explique Mathieu Horras, cofondateur d’Aspivix. Cet instrument, vieux de plus de cent ans, a été créé pour retirer les balles des corps durant les guerres…»
La solution développée par Mathieu Horras, David Finci, gynécologue et Julien Finci, ingénieur EPFL, se nomme Carevix. «Nous avons développé un système qui épouse l’anatomie du col de l’utérus avec une ventouse», développe Mathieu Horras.
La société située à Renens effectue actuellement au CHUV et aux HUG une étude comparative entre la pince traditionnelle et le modèle d’Aspivix. L’étape suivante sera d’industrialiser le produit. «Nous attendons les résultats finaux de l’étude ainsi que les autorisations nécessaires de mise sur le marché aux États-Unis et en Europe. Nous espérons être prêts d’ici six mois», confie le cofondateur.
Embr Labs a développé un bracelet intelligent qui fournit des sensations de fraîcheur ou de chaleur sur le poignet durant la ménopause.
Embr Labs a suivi le programme Tech4Eva. Basée à Boston, la jeune société propose une solution pour les femmes qui subissent des bouffées de chaleur durant leur ménopause. Elle a développé un bracelet intelligent qui fournit des sensations de fraîcheur ou de chaleur sur le poignet, qui fait se sentir mieux. Cette zone du corps contient «une haute densité de nerfs sensibles à la température. Les impressions de chaud ou de froid activent une voie cérébrale naturelle qui contrôle certaines émotions telles que le stress ou le plaisir», explique la société.
La start-up, dont les recherches ont été faites à l’Université de Berkeley, a levé 35 millions de dollars, dont 22 millions dans le cadre du programme Tech4Eva. À ce jour, Embr Labs a vendu 70’000 bracelets dans le monde et a comme objectif de lever 40 millions de dollars supplémentaires d’ici sept à douze mois.Quid de l’incubateur suisse? «Ce programme présente des avantages en termes de visibilité et de mentorat, résume Elizabeth Gazda, fondatrice et CEO d’Embr Labs. Il permet également aux entreprises de développer leurs connaissances sur les FemTech, ainsi que d’accélérer leur croissance.»
Gregory Wicky est journaliste à 24 heures depuis 2004. Après avoir été responsable de l’édition des sites web et de celle du magazine du Samedi, il est actuellement chef de la rubrique vaudoise depuis 2018.
Plus d’infosPublié: 30.12.2021, 15h41
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