Santé : l’Hôpital Privé d’Aix-en-Provence expérimente la livraison de poches de sang par drone Leave a comment

L’Hôpital Privé de Provence à Aix-en-Provence prévoit la livraison de sang via drone, d’ici 2025. Une expérimentation devrait être menée cette année.

Entre la science-fiction et la réalité, il n’y a qu’un pas, ou plutôt, qu’un battement d’aile. C’est en tout cas ce qu’espère l’Hôpital Privé de Provence, à Aix-en-Provence (HPP), qui entend, d’ici 2025, se faire livrer des poches de sang, par drone.

Une expérimentation est en cours, et les premiers essais volants, devraient se faire en milieu d’année. 

L’idée, serait de créer un couloir aérien entre l’HPP et le centre aixois de l’Etablissement Français du Sang. Les deux sites sont séparés par 13 kilomètres de route, parfois saturés par la circulation. 

Le couloir aérien, permettrait ainsi de relier les bâtiments en une dizaine de minutes. Plus de rapidité, de fiabilité, et surtout moins d’impact écologique. 

Un rêve un peu fou, mais qui est en passe de devenir réalité. Tout cela grâce à Frédéric Pepino. Il est médecin anesthésiste-réanimateur au sein de l’HPP, et c’est un passionné de drones depuis toujours. Il en possède un, et a d’ailleurs reçu une formation de pilote. 

L’idée lui est venue en 2019, lorsque l’ancienne clinique Rambot alors située en centre-ville d’Aix-en-Provence, a déménagé pour le site de l’actuel Hôpital Privé de Provence. Ce dernier est d’ailleurs plus proche de la petite commune de Luynes.

Je me suis demandé comment optimiser l’acheminement des prélèvements et des poches. J’ai tout de suite pensé au drone“, explique le médecin. 

“Nous avons la problématique des embouteillages, des aléas de la circulation. Aujourd’hui, un transport se fait en une demi-heure”

Fréderic Pepino, médecin anesthésiste-réanimateur

Car l’HPP est un gros consommateur de poches de sang. De nombreuses transfusions sont chaque jour opérées, pour les urgences, le bloc opératoire, le service réanimation ou de chimiothérapie. 

Pour réaliser ce rêve un peu fou, il y a Lifeline. Cette startup aixoise qui emploie quinze personnes, est spécialisée dans “la logistique de transport de produits de santé sensibles“.

Marc Pavageau est le fondateur de Lifelines. Et lui, ne parle pas de science-fiction. Co-Créateur du 1er master Drone aux Arts et Métiers d’Aix-en-Provence, cet ingénieur n’a qu’un souhait : “mettre la technologie au service d’un métier, et des patients”. 

“Le but est d’éviter les ruptures de charges : quand un hôpital remet à un taxi, qui remet à un courtier, et que lui-même dépose le prélèvement, il y a toujours un risque d’erreur”, explique-t-il. 

Un risque, qui serait selon lui, évité via les drones, dont les parcours seraient totalement définis. 

L’équipement choisi par Lifelines est un drone-avion eVTOL, construit par une entreprise néerlandaise. Il est capable de transporter jusqu’à 4 kg, à une vitesse moyenne de 100km/h. 

Le drone néerlandais en essai au dessus d'Amsterdam

Le drone néerlandais en essai au dessus d’Amsterdam • © AVY

“Le projet ultime, sera de transporter des greffes, comme un cœur, sur des distances de 300 à 400 kilomètres”, imagine Marc Pavageau. Un service “porte-à-porte” entre établissements hospitaliers. 

Rien d’impossible selon lui, les innovations sont là, et le progrès est en marche. 

D’ailleurs plusieurs expérimentations de drones médicaux sont menées en Europe. Au mois de décembre, un drone a même sauvé la vie d’un septuagénaire suédois, en déposant à son domicile un défibrillateur, en trois minutes et 30 secondes. Sur place, un voisin médecin a ainsi pu réanimer l’homme en arrêt cardiaque. 

Transporter des matières sensibles, comme du sang, ou des produits de chimiothérapie comme le souhaite l’HPP, serait par contre une première mondiale.

Un premier vol d’essai est prévu mi-2022. Et Lifelines espère finaliser le projet avec l’HPP en 2025, pour opérer ainsi ces liaisons régulières. Si les essais sont concluants, c’est tout le réseau hospitalier du département qui pourrait être relié par les airs.

” On est soutenu par la Région, l’ARS, et déjà plusieurs hôpitaux privés comme publics se sont montrés sensibles”, confie l’ingénieur. 

Quant à imaginer un ciel peuplé d’engins volants, livrant des plats à domicile, dans un univers proche du film Le Cinquième Elément, Marc Pavageau n’y croit pas, même s’il admet : “selon une étude, il y pourrait y avoir dans les années 2030, près de 10 millions de drones dans le ciel européen”. 

Fermez les yeux, ça donne le vertige. 

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