De quoi on parle. BioAlps est une association créée en 2003 par les treize institutions académiques de Suisse occidentale. Mais la volonté de fédérer ce qui se fait de mieux en matière de biotechnologies et d’innovation dans le secteur de la santé en Romandie a vu le jour entre Lausanne et Genève en 2001.
En 20 ans, BioAlps a surtout apporté son soutien aux start-ups spécialisées tout en créant un environnement et un réseau aussi utile que nécessaires pour «les multinationales, les institutions académiques et les centres de recherche actifs dans les domaines de la biotech, medtech, pharma, santé numérique, nutrition et cosmétique», comme le souligne BioAlps.
Ce réseau compte:
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63 institutions actives dans la recherche académique
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1008 entreprises industrielles
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67 institutions publiques et parcs d’innovation
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5000 étudiants du domaine des sciences de la vie.
Pour Claude Clément, président de BioAlps, le mot qui résume le mieux ces vingt dernières années est «intégration».
«Dans le passé, le domaine de la santé avançait en ordre dispersé, avec peu de collaborations entre la recherche et l’industrie, des entreprises plutôt en concurrence qu’en collaboration, un nombre limité de start-ups.
Actuellement, la situation est très différente. Notre communauté a réussi à se fédérer, à établir des passerelles entre les diverses spécialités, mettre en commun les forces des uns et des autres.»
La conférence. La conférence du 30 novembre au Swiss Tech Convention Center de l’EPFL ne plongera pas dans l’histoire de l’association. Les organisateurs ont préféré parler de leurs forces et du potentiel d’innovation qui existe encore dans les différents domaines des Biotechs.
La médecine du futur s’écrit ainsi aujourd’hui, en Suisse romande. Avec le réseau BioAlps, les jeunes pousses restent dans la région lorsqu’elles sont rachetées et soutenues lors de leur développement. L’écosystème fonctionne bien et son apport est substantiel comme le confirment la Prof. Christine Pirinoli, vice-rectrice Recherche et Innovation à la HES-SO, et Andreas Üttenweiler. directeur Affaires publiques & Patient Value chez Takeda Suisse.
La première souligne tout de même que le développement technologique et l’innovation ne peuvent être implémentés efficacement en ignorant les aspects humains:
«Les patients n’ont pas confiance si on ne leur parle pas. Le tout machine et tout automatisé va d’une certaine manière à l’encontre de la santé personnalisée qui se développe. Ma lecture de l’innovation technologique est un peu critique parce que pas assez de projets de recherches impliquent les soignants. Pour moi, il est important d’appréhender l’innovation dans sa dimension sociale également.»
Mais pour Takeda Suisse, entreprise basée à Neuchâtel, la technologie permet justement de rapprocher les gens. Sur leur site de production (médicaments traitant des troubles de la coagulation du sang), des programmes de réalité augmentée (VR) ont été lancés. Grâce à des lunettes de VR, un spécialiste basé en Suisse peut enseigner la bonne gestuelle à appliquer dans le laboratoire à un autre employé basé à Singapour.
Les deux approches, qui seront abordées lors de la conférence, montrent le potentiel et les limites de l’innovation.
Un peu de e-health. Un des secteurs en forte croissance actuellement est la numérisation de la santé. Cela va des données aux applications thérapeutiques. Pour en parler, Jens Krauss, vice-président du Centre suisse d’électronique et de microtechnique (CSEM), s’est entouré de trois partenaires du CSEM actifs dans le transfert de technologies de dispositifs médicaux pour des produits innovants:
«Le Wyss Center et deux Start-ups vont présenter leurs spécificités. Ce qui me marque moi, ce sont les défis et les difficultés rencontrés lors de la mise sur le marché de leurs dispositifs. Que ce soit pour un système permettant de prendre une image électrique du coeur, le suivi à long terme de patients épileptiques ou encore le développement d’une application permettant de mesurer la pression sanguine en continu.
Un des gros problèmes actuels est lié à la certification. Swissmedic n’apporte pas un soutien suffisant lors de ces démarches. La nouvelle régulation européenne pousse également les star-ups à se référer à un partenaire européen pour être certifié. Les coûts sont énormes et parfois décourageants.»
Au point de pousser les plus volontaires vers les agréments de la FDA, aux Etats-Unis.
Et des biotechs. De son côté, Ferring, société biopharmaceutique, a développé les sciences de la vie au cœur de l’arc lémanique ces dernières années. Et Henri Kornmann, directeur du développement biologique de l’entreprise, assure que l’entreprise ne va pas s’arrêter là:
«Avec le Ferring biologic innovation center, nous lançons un projet d’implantation de laboratoire de 1000 m2 qui sera situé su Biopôle (Epalinges, ndlr.) et qui s’appuie uniquement sur les compétences locales. Pour cela, il nous faudra tout de même accéder à certains talents des biotechs.
C’est un véritable pari sur l’avenir que nous lançons: continuer à innover avec les médicaments biologiques. Ce qui est complexe à mettre en place parce que les molécules sont relativement complexes (anticorps monoclonaux, virus, ndlr.) à mettre au point en vue d’un usage thérapeutique.»
L’édition 2021. Pour Claude Clément, le rendez-vous 2021 revêt une certaine importance après l’annulation de l’édition 2020:
«Nous sommes heureux de pouvoir nous retrouver physiquement et d’échanger de manière informelle et chaleureuse. Nous avons préféré annuler l’édition de 2020, plutôt que la remplacer par un événement virtuel, trop éloigné de l’esprit du BioAlps Networking Day, axé sur l’échange direct et la rencontre.
Les deux sessions thématiques (e-health et Biotech, ndlr.) seront menées et modérées par des entreprises phares de notre région, qui démontreront à nouveau la richesse de notre écosystème.»
Et aussi comment Health Valley capture les grandes tendances de la Biotech pour les faire se développer dans la région plutôt qu’à l’étranger.