La deuxième étape du plan innovation santé 2030 est lancée avec cet appel pour le développement des biomédicaments, produits à partir du vivant et non chimiquement, car la France en importe 95 %
Le gouvernement a détaillé vendredi sa stratégie d’innovation dans les médicaments et lancé des appels à projets à destination des entreprises pharmaceutiques et de biotechnologies, pour promouvoir le développement de nouveaux biomédicaments.
Cette « stratégie d’accélération » des biothérapies et de la bioproduction de thérapies innovantes correspond aux annonces précédemment faites par le président de la République. Au mois de juin dernier, dans le cadre du plan innovation santé 2030, Emmanuel Macron avait en effet promis 800 millions d’euros d’investissements pour ce secteur, se fixant comme objectif le développement de 5 nouveaux biomédicaments d’ici 5 ans.
Un marché porteur
Les biomédicaments regroupent une grande variété de thérapies (produits pour la thérapie cellulaire, la thérapie génique par exemple). Ils sont produits à partir du vivant, contrairement aux médicaments classiques fabriqués chimiquement, ce qui rend leur production plus complexe et plus chère.
Quatre médicaments nouveaux sur 10 étaient des médicaments biologiques en 2017, selon la fédération des entreprises du médicament (Leem). Aujourd’hui, la moitié des médicaments en développement sont des biomédicaments, et le marché qui pourrait atteindre 320 milliards d’ici à 2025.
Mais la France reste fortement dépendante (à 95 %) des importations de biomédicaments, elle est même passée de la première à la quatrième place en termes de production. En outre, soulignent les ministères de l’Industrie et de l’Enseignement supérieur, la France compte seulement 9 usines pour la production en propre.
La stratégie d’accélération dévoilée vendredi sera focalisée sur quatre axes de développement : les biotechnologies en oncologie (comme les anticorps monoclonaux ou les cellules CAR-T) ; les innovations en thérapie génique et cellulaire, hors oncologie ; les nouveaux systèmes biologiques de production de ces thérapies ; et le développement d’unités de production plus performantes.
Plusieurs appels à projet
Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, et Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée chargée de l’Industrie, ont pour ce faire, annoncé l’ouverture de l’appel à projets « Innovations en biothérapies », doté d’environ 275 millions d’euros. Il s’adresse aux entreprises et consortiums développant des biothérapies ou des outils permettant d’accélérer leurs développements.
Un appel à projet « innovations en bioproduction », doté initialement de 130 millions d’euros et qui pourra être augmenté jusqu’à 280 millions d’euros, sera en outre ouvert dans les mois qui viennent.
La stratégie s’appuie sur un programme et équipement prioritaire de recherche (PEPR) doté de 80 millions d’euros, confié conjointement à l’Inserm et au CEA. Ces entités piloteront ce programme de recherche pour la bioproduction dans des domaines comme les cellules CAR-T, ou encore les nouveaux anticorps et l’ARN.
Par ailleurs, 16 projets ont été sélectionnés lors d’un premier appel à manifestation d’intérêt, pour un montant d’aides de 39 millions d’euros.