Bien que le développement d’entreprises en lien avec des laboratoires porteur d’innovation ne soit pas nouveau, les deeptech – ainsi que l’on désigne ces start-up développant des technologies de rupture issues des organismes de recherche – bénéficient d’un écosystème qui s’étoffe à grande vitesse. Les structures permettant un accompagnement, un financement ou les deux se sont renforcées.
Bpifrance fait un état des lieux
Dans un rapport publié en mai, Bpifrance s’est penché sur le rôle de ces acteurs dans le développement des sociétés deeptech. L’étude dresse un premier constat positif : les structures de transferts de technologies – comme les SATT (Sociétés d’accélération du transfert de technologies) mais également les dispositifs mis en place par le CNRS, le CEA, ou encore l’Ifpen – sont des leviers importants dans le financement des jeunes pousses. D’après les chiffres de Bpifrance, près de 47% des start-up passées par une structure de transfert de technologies parviennent à lever des fonds, contre 23% pour celles qui se sont développées en dehors de ces organismes.
Pour les sociétés passées par un office de transfert de technologies (OTT), la recherche de fonds se concentre principalement sur la phase d’amorçage et la série A, la phase de pré-amorçage étant déjà engagée par l’organisme de transferts de technologie. Cette arrivée de capitaux très tôt dans la vie de la start-up est un atout majeur pour lui permettre de poursuivre son développement. Selon le rapport, ils se contentent de prendre moins de 10 % du capital des start-up, contre 5 % pour l’Inrae, de 5 à 10 % pour le CNRS, PSL, l’Inserm et l’Inria, et environ 10 % pour le réseau Satt et l’Ifpen. Le CEA, lui, se détache avec 15 %.
Les initiatives françaises
En France, ces initiatives pour soutenir la deeptech sont multiples. Ainsi, le programme d’accélération deeptech Blast, dont sa directrice Christelle Astorg-Lépine nous expliquait les enjeux en avril, a présenté en juin sa première cohorte. Au total, 18 start-up en phase de financement « pre-seed » et ayant des travaux de recherche matures dans les secteurs de l’aéronautique, du spatial et de la défense (ASD) ont été sélectionnés. Elles bénéficieront d’un accompagnement porté par chacun des partenaires du programme d’accélération, à savoir l’incubateur Starburst, l’Onera, l’Ecole Polytechnique et la SATT Paris-Saclay.
En octobre, dans le cadre du plan deeptech français, l’Ifpen et Bpifrance ont annoncé avoir signé une convention partenariale visant à soutenir les start-up qui mobilisent des innovations de rupture en faveur de la mobilité durable, l’économie circulaire, l’efficacité énergétique et la qualité de l’air. Toutefois, bien que ce partenariat complète l’accompagnement technologique et de financement de l’innovation que propose déjà l’Ifpen aux start-up et PME, cela ne fait pas l’objet d’une dotation supplémentaire de la part des pouvoirs publics, selon la directrice adjointe.
Les appels à projet
Pour obtenir des financements, les deeptech peuvent également répondre à des appels à projet. Le « Grand défi » Biomédicaments, organisé dans le cadre du plan « Innovation Santé 2030 » comptait quatre lauréats, qui recevront un montant total de 5,2 millions d’euros. L’objectif, ambitieux, est de repenser les procédés de fabrication. Parmi eux, MagIA Diagnostics, qui utilise des nanoparticules magnétiques et des micros aimants pour obtenir un système d’analyse immunologie ultra rapide. Son cofondateur, Paul Kauffmann, faisait en novembre le point sur cette technologie avec Industrie et Technologies.
La deeptech Nantaise Elwave a quant à elle bénéficiée d’une subvention d’1,7 millions d’euros de la Commission Européenne ans le cadre d’un appel à projet dédié aux start-up et PME de l’économie maritime. Cette pépite a pu ainsi accélérer l’industrialisation de ses capteurs sous-marins inspirés du mode de perception de certains poissons d’eaux douces tropicales, et compte s’imposer sur le marché de l’éolien offshore.
Au niveau européen, pour faire face au manque d’investisseurs en cybersécurité, quatre entrepreneurs français derrière Wallix, Oodrive, Vade Secure et Sentryo ont lancé en août Cyber Impact, un fonds de capital-risque. Réunissant 50 investisseurs en cybersécurité, l’objectif est de soutenir les start-up européenne pour faire émerger « au moins deux ou trois » licornes européennes dans le secteur, en investissant dans 20 à 30 sociétés d’ici cinq ans.