Si le secteur des MedTechs est en pleine croissance et compte désormais 1.500 entreprises, réparties sur tout le territoire, la filière est trop longtemps restée méconnue du grand public. Près de 65% des Français connaissent désormais les pépites françaises de la MedTech.
Pour cause, au cours de ces derniers mois elles auront largement contribué à la production des masques, respirateurs artificiels, lits d’hôpitaux et scanners, qui se sont avérés indispensables à la gestion de la crise sanitaire. Au-delà de cette contribution à l’effort de guerre, le secteur milite pour le développement de solutions innovantes et s’engage pour l’avènement d’un système de santé moderne, au service des patients et des professionnels de santé.
Des solutions innovantes « made in France » pour un système de santé moderne
Robotique chirurgicale, télémédecine, technologies optiques, cicatrisation et imagerie médicale, la MedTech française a de l’avenir et ne cesse de proposer ses innovations technologiques. En plus de vouloir garantir les meilleurs soins aux patients, l’industrie des MedTechs ambitionne d’offrir les meilleures pratiques aux professionnels et contribue à apporter des solutions économiques et organisationnelles à notre système de santé.
Pour rester en pointe, l’industrie s’est emparée des sujets numériques et agit désormais comme un véritable incubateur. Nous avons assisté ces derniers mois à un véritable foisonnement d’idée et à l’explosion du nombre de startup médicales. Le développement de la télémédecine, des applications médicales, et d’outils d’intelligence artificielle nous a permis d’améliorer les conditions de travail des praticiens et de faciliter le suivi des patients au quotidien. La remontée des données de santé en temps réel et le développement d’applications à destination des patients sont des atouts majeurs pour la transformation de notre système de santé. La France est un vivier formidable pour l’innovation et le progrès médical.
Plus que jamais le déploiement de notre industrie sur le sol national est un gage de souveraineté. Pour faire face aux difficultés éprouvées durant la crise sanitaire et pour assurer la production made in France de nos technologies médicales, la MedTech française s’est organisée. Composée à près de 95% par des PME, employant aujourd’hui plus de 90.000 personnes à travers l’hexagone, la filière témoigne de l’importance de son maillage territorial. Mais cet investissement en faveur de l’innovation et de nos territoires attend un soutien renforcé des pouvoirs publics pour pouvoir espérer prospérer dans un environnement réglementaire qui aujourd’hui n’est pas toujours des plus favorables.
Pour un choc de croissance des technologies médicales françaises
Aujourd’hui nos pépites françaises profitent du soutien à l’innovation très important de Bpifrance et d’autres acteurs du secteur public. S’il y a une vraie volonté des pouvoirs publics de nous soutenir, il faut encore progresser sur les délais de remboursement, indispensables à la rapidité de la mise sur le marché de nos technologies médicales. Contrairement à d’autres acteurs du marché mondial, les entreprises de la MedTech française ont du mal à accéder au remboursement de leurs technologies par le système de santé et doivent le plus souvent attendre 4 à 5 ans après leur marquage CE pour espérer accéder à ce sésame. Pourtant, pour créer des champions du monde, il nous faut d’abord créer des champions sur leur marché national. « MedTech in France » prône donc un système permettant un accès au remboursement élargi et immédiat, pour que les patients français aient accès à toutes les innovations et aussi vite que leurs voisins.
Les bénéfices cliniques des technologies médicales sont aujourd’hui le critère le plus important dans la fixation du prix des technologies médicales. Pourtant d’autres critères à haute valeur ajoutée existent et doivent être pris en compte. Il faut aller plus loin dans la reconnaissance de l’impact sur la qualité de vie des patients et l’impact organisationnel de nos innovations qui permettent un gain de temps et d’argent important au système de santé. Il en va de même s’agissant de la valorisation de leur impact sur la qualité de vie au travail des soignants. Le critère d’implantation en Europe, qui garantit la sécurité des approvisionnements et la qualité de nos produits doit également être pris en compte. La considération de ces nouveaux critères permettra aux entreprises de la filière d’entrer dans une démarche d’innovation et d’amélioration continue de leurs technologies.
Face au risque d’une perte de compétitivité et à la crainte d’un tassement de l’innovation, notre système de santé, aujourd’hui assis sur une nomenclature comptable orientée vers les prix les plus bas, menace de délocalisation une partie de la production de nos entreprises. Pour éviter la fuite de nos talents, nous formulons un certain nombre de propositions à l’approche de l’échéance présidentielle.
Étendre le mécanisme d’accès direct au marché, élargir les critères de fixation du prix, créer un modèle de financement des outils digitaux, renforcer le poids de la France dans les décisions prises au niveau européen et redonner le temps et les moyens suffisants aux acteurs de la filière pour s’adapter. La MedTech française ne prendra sa place de leader mondial qu’avec le concours total de l’État, dans un écosystème réglementaire serein et favorable.
Guirec Le Lous
15 Févr 2022, 9:02
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