Leur nom générique ne dit rien au grand public mais ils sont connus de tous : les lentilles de vue et tests rapides du Covid sont des dispositifs médicaux, des DM. Montpellier veut être un creuset d’innovation.
“Pansements, lunettes correctrices, préservatifs, thermomètres, pacemaker, scanner médical… le terme dispositif médical, ou DM, regroupe un nombre très important de produits de nature et de destination variées”, indique le ministère de la Santé, qui rappelle que, “selon l’Organisation mondiale de la santé, on compte environ 10 000 catégories de dispositifs médicaux, entre 90 000 et 1,5 million de produits différents dont la sécurité et la performance sont garanties par la législation européenne”.
Le soutien de Pierre Fabre
La faculté de pharmacie de Montpellier se veut force de proposition sur le sujet. Un laboratoire dédié susceptible d’inventer les “DM” de demain, l’Institut de l’innovation sur les dispositifs médicaux (I2DM), est en train de s’y structurer, à l’initiative de Xavier Garric, enseignant dans l’établissement, responsable d’un laboratoire de recherche au pôle de chimie Balard, et Christophe Hirtz, enseignant chercheur à la faculté d’odontologie, responsable de la plate-forme protéomique clinique du CHU de Montpellier.
Avec Maud Harnichard, ingénieur pédagogique, et Pierre-Marie Voisin, responsable de l’innovation dans le laboratoire Pierre Fabre, ils forment le noyau dur de l’équipe pionnière qui prend ses marques dans des locaux neufs, sur l’emplacement de l’ancienne animalerie de la faculté, au sein de l’université.
“Nos étudiants sont formidables, ils sont très inventifs. Et les grandes sociétés qui, en France, font du dispositif médical, comme Urgo, 3 M, Pierre Fabre, Sanofi, ont besoin de personnes formées en DM, mais il n’y a pas de formation à l’université”, constate Christophe Hirtz.
Avec Xavier Garric, il sait combien le chemin est ardu. Le besoin et la bonne idée ne suffisent pas. Il faut les bons partenaires, les moyens financiers, ou encore une connaissance des arcanes juridiques, des circuits de commercialisation adaptés… Le processus est long et complexe.
“Label de la MedVallée”
Le savoir académique et l’initiative privée doivent s’y associer, avec, au besoin, “un mathématicien, un bio-informaticien… on les a à l’Université de Montpellier, c’est un creuset !”, s’enthousiasme Christophe Hirtz. Et le chemin est long après le dépôt d’un brevet, qui “n’est pas forcément utilisé”. Lui-même est engagé dans la création d’une start-up avec un professeur de médecine.
De son côté, Xavier Garric a monté Womed, une entreprise qui n’est pas loin de lancer un bâtonnet en polymère biodégradable qui évite les adhérences utérines, une cause majeure d’infertilité de la femme. Il étudie déjà l’adaptation du procédé à la prise en charge de l’endométriose. Et explore encore une autre voie, dans les pathologies masculines cette fois : une prothèse pénienne pour éviter les fuites urinaires.
Demain, c’est un pansement qui change de couleur lorsqu’une plaie est infectée, ou encore une vis biodégradable qui simplifie les suites opératoires d’un hallux valgus, plus prosaïquement appelé “l’oignon” du pied, qui feront briller l’I2DM. L’Université de Montpellier, qui soutient la filière, y croit.
Comme les industriels partenaires, Pierre Fabre en tête. Et les CHU de Nîmes et Montpellier. “On est un des premiers à recevoir le label de la MedVallée”, le pôle santé d’envergure initié par Montpellier Métropole, précise par ailleurs Christophe Hirtz, qui espère que les cours de la première promotion d’un diplôme universitaire spécifique pourront démarrer en septembre.
Reste à mettre de l’ordre dans le foisonnement d’idées, organiser le cycle de cours, boucler le financement… “marquer l’essai”, résume l’enseignant-chercheur. Le plus difficile après avoir trouvé un terrain, constitué son équipe et posé les règles.