“Nous sommes la seule Région où l’État et le Conseil régional ont initié le lancement d’une filière dédiée au biocontrôle et au biosourcing (biosourçage, ndlr) et aux biosolutions… Depuis plusieurs années nous appuyons les entreprises pour les aider à réussir leur sortie de la chimie de synthèse. Ce n’est pas la seule action, en plus nous lançons aussi « One Health » (1), pour une seule santé, humaine, vétérinaire… “, a ouvert Alain Rousset.
C’était à l’occasion de la signature de la feuille de route biocontrôle et biosolutions 2022-2026, le 15 avril dernier dans l’amphithéâtre de l’Hôtel de Région, avec une série de partenaires (2) et notamment en compagnie d’Andréa Brouille, vice-présidente en charge du développement économique, de l’innovation et de l’accompagnement de la RSE des entreprises, et de Jean-Pierre Raynaud, vice-président en charge de l’agriculture.
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Ne plus attendre aussi longtemps pour les homologations
Avec cette feuille de route, la Nouvelle-Aquitaine veut s’imposer comme la première région pilote en matière de développement du biocontrôle et des biosolutions. En utilisant par exemple les microalgues pour lutter contre le mildiou et l’oïdium, des maladies récurrentes et très pénalisantes pour de nombreuses cultures, dont celle de la vigne. Il s’agit de mobiliser des ressources naturelles pour combattre pathologies et prédateurs. C’est le fondement de la démarche agroécologique et du biocontrôle qui sont les voies royales pour en finir avec l’usage des pesticides de synthèse dans les filières agricoles et agroalimentaires en 2030, comme annoncé par la Région. Si la route est encore longue, le président de la Région s’est félicité du chemin parcouru.
“Nous sommes sur la bonne voie mais il faut s’adosser au cluster biosécurité biocontrôle que nous avons créé il y a deux ans à Buzet [en Lot-et-Garonne, ndlr]. La créativité est possible, avec la mise sur le marché de produits testés, comme les microalgues contre le mildiou et l’oïdium. Il est normal que ces produits soient testés pour homologation mais on ne va pas non plus passer notre temps à attendre ! On ne peut pas tester ces produits en 2025 en attendant de les faire homologuer en 2030 par l’Anses !” a prévenu Alain Rousset avec une pointe d’agacement contre l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.
Le patron de la Région n’apprécie que modérément les méthodes d’analyses, d’une durée qu’il juge anormalement longue, utilisées par l’Anses vis-à-vis de ces nouvelles techniques de lutte écologique au profit des cultures.
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Une feuille de route en quatre axes
Pour favoriser la sortie des pesticides et accompagner la transition agroécologique, la feuille de route Neo Terra 2022-2026 s’appuie donc sur un plan d’actions organisé en quatre axes :
- Fédérer les acteurs du biocontrôle et des biosolutions en Nouvelle-Aquitaine. En s’appuyant sur le cluster existant, en développant une plateforme Internet dédiée, en organisant des journées thématiques.
- Accompagner la recherche et soutenir l’innovation. Et pour cela mobiliser la recherche, soutenir le développement des structures de transfert, créer des liens entre recherche et entreprises, assurer le financement de l’innovation, obtenir l’appui des pôles et des clusters.
- Faciliter l’accès au marché des produits de biocontrôle et biosolution. En guidant les entreprises dans les circuits réglementaires, en instaurant une collaboration avec l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), en faisant des propositions concrètes pour faire évoluer la règlementation.
- Accélérer le déploiement des produits. Ce qui consiste en Nouvelle-Aquitaine à structurer un réseau d’expérimentation pour avoir des données robustes ; diffuser les résultats et vulgariser les pratiques ; accompagner le changement sur les plans technique et financier ; recourir à la formation initiale et continue.
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Le regard du Ceser
Dans son avis sur le sujet, le Ceser (conseil économique, social et environnemental régional) salue l’adoption de cette feuille de route mais appelle à ne pas s’en contenter et à “repenser globalement les pratiques agricoles” :
“Pour pleinement atteindre l’objectif de transition agroécologique, la feuille de route devrait par ailleurs s’inscrire plus résolument dans la volonté de préserver la biodiversité, notamment par une gouvernance élargie aux acteurs de la biodiversité et par un suivi spécifique de l’effet des produits de biocontrôle et des biosolutions sur les écosystèmes”, ajoute cette instance régionale consultative.
(1) « Une santé » (ou plus sûrement « Une santé globale »). Ce mot d’ordre, qui en français et même en anglais n’a pas vraiment de sens par lui-même, est censé représenter un concept aussi complexe qu’engageant, celui qui définit la santé comme un bien public mondial, au carrefour des mondes animal, humain et environnemental.
(2) La Draaf, Agri Sud-Ouest Innovation, la Chambre régionale d’Agriculture de Nouvelle-Aquitaine, Bordeaux Sciences Agro, l’Inrae Nouvelle-Aquitaine, l’Acta, la Coopération agricole de Nouvelle-Aquitaine, le GIE de la transition écologique en agriculture et le Négoce agricole centre Atlantique.
Jean-Philippe Déjean
22 Avr 2022, 12:06
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