« La difficulté ne réside pas tant dans le fait de développer de nouvelles idées que d’échapper aux anciennes », disait Keynes. Nous devrions tous avoir cette phrase en tête pour comprendre que l’attachement à l’état actuel des choses – quel qu’il soit – est plus que tout ce qui freine la possibilité d’innover. Il est plus facile de trouver de nouvelles idées que de se déprendre des anciennes, et plus précisément : il est plus facile de trouver de nouvelles idées lorsque l’on parvient à se déprendre des anciennes.
Si l’on doit se déprendre des idées anciennes, c’est bien parce qu’elles nous enferment dans une façon de voir qui vise à ne pas être changée. Les idées anciennes forment toujours un système cohérent dont les éléments se soutiennent et se renforcent les uns les autres, et pour cela sont résistants au changement. Ce qu’il nomme « idées anciennes » désigne pour Keynes les idées « qui ont poussé leurs ramifications dans tous les recoins de l’esprit des personnes ayant reçu la même formation que la plupart d’entre nous ».
« Idées anciennes » nomme en fait ce sur quoi un grand nombre de personnes s’entend : autrement dit, le consensus propre à une période historique. Les idées anciennes sont donc celles qui règnent dans le présent d’une époque, faisant consensus. De ce point de vue, l’ancien, c’est toujours le présent – ce qui est inexorablement condamné à être dépassé par l’évolution, que ce soit dans le sens du progrès ou de la régression. Pendant longtemps, (…) Lire la suite sur La Tribune.fr