Le torcular, un laboratoire de l’innovation Leave a comment

Le torcular, ou confluent des sinus ou pressoir d’Hérophile, est un des plus jolis noms dédiés à l’anatomie humaine.

Digne successeur d’Hippocrate et d’Aristote, Hérophile de Chalcédoine, vers l’an 240 AJC, en fit la découverte aux détours de dissections dans la région occipitale de l’encéphale humain. Sa fonction en est demeurée très longtemps obscure. De nouvelles données anatomopathologiques, radiologiques et expérimentales en ont précisé le rôle : le pressoir d’Hérophile est un vase d’expansion de l’esprit.  

Une étude fut menée en double aveugle contre placebo, sur une cohorte de 1642 patients dont la moitié était connue pour avoir « l’esprit large », l’autre « l’avoir borné ». La phobie la plus répandue chez les humains est la néophobie ; la terreur du nouveau. (cf. La thèse de Ravaisson De l’habitude, de cette habitude dont Auguste Comte écrivait qu’elle est « une des principales bases de perfectibilité graduelle des animaux, et surtout des hommes »).

Le torcular est une structure encéphalique qui sert de vase d’expansion à la réception d’idées nouvelles. Lorsque nous recevons une idée inconnue, la plupart d’entre nous se précipitent par habitude pour la comparer à des idées qu’il a déjà, par le besoin psychologique prégnant d’être réassuré, négligeant ainsi les fonctions du torcular qui, se faisant, s’atrophie au prorata de son sous-emploi.

Les podocytes qui relient entre elles les cellules du torcular, lui sont spécifiques et ont la particularité d’être extrêmement nombreux (on en compte cent fois plus que dans les tissus dits « élastiques ») ce qui permet au confluent des sinus de se dilater jusqu’à sept fois son volume de repos lorsqu’il reçoit des idées novatrices, afin de les renvoyer vers d’autres structures encéphaliques en charge de les trier, les mémoriser, les analyser, leur donner une fonction relative aux autres connaissances acquises.

Le pressoir d’Hérophile agit comme un trampoline ; il s’évase à la réception d’une idée nouvelle puis la renvoie vers d’autres centres neuronaux chargés d’en traiter l’apport. Nos contemporains en sont, soit dépourvus (agénésie torculesque) soit l’ont atrophié par manque de sollicitations (hypohérophillie) et très peu d’autres s’en voient particulièrement bien pourvus (hyperconfluantisme).

Chercheur au M.I.T, j’ai en charge l’étude des torculars. Les podocytes (les « ressorts » qui relient le vase d’expansion au reste des structures neuronales) avant de se rompre, peuvent soutenir un poids de 0,6 picogramme chez un « esprit borné », de 57 picogrammes chez un « esprit ouvert »… Ceux de Léonard de Vinci ont soutenu une charge de 6 grammes.

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