C’est une première mondiale : de la dopamine a été délivrée directement dans le cerveau de patients atteints de la maladie de Parkinson, d’après un communiqué du CHU de Lille. Les premiers résultats font état d’une quasi-disparition des mouvements involontaires et d’une diminution de 70% des médicaments oraux. Le dispositif, constitué d’une pompe implantée dans l’abdomen, et d’un petit tuyau délivrant la molécule au cerveau, a été conçu grâce à un partenariat entre le campus de Lille, Inserm et CHU, et la startup InBrain Pharma.
Un manque de dopamine dans le cerveau
“Mon Parkinson a été diagnostiqué il y a onze ans. J’étais arrivé au bout. Je ne pouvais plus travailler… J’étais dans l’incapacité de marcher”, raconte Eric, 57 ans, auprès de la Voix du Nord. Comme lui, quatre patients à court d’options thérapeutiques ont bénéficié d’une nouvelle technologie pour traiter leur maladie de Parkinson. Plus qu’une nouveauté, c’est une grande première mondiale. “Personne n’avait jamais administré un neurotransmetteur directement dans le cerveau !”, appuie le Pr David Devos, neurologue au CHRU de Lille, pharmacologue et co-fondateur de la startup InBrain Pharma, à l’origine de l’innovation. “C’est une équipe d’excellence française dans la maladie de Parkinson, connue pour sa créativité et sa capacité d’innovation, en particulier dans le domaine de la recherche appliquée à la thérapeutique“, appuie le Pr Emmanuel Flamand-Roze, neurologue à la Pitié-Salpêtrière (AP-HP, Paris), qui n’a pas participé à ces travaux. Sur le papier, l’idée était très simple : la maladie de Parkinson est causée par la disparition des neurones produisant de la dopamine. Fabriquer ce neurotransmetteur (substance qui permet la transmission d’informations entre neurones) et l’injecter à l’endroit précis où il était supposé être naturellement produit devrait donc régler le problème.
Des médicaments qui perdent en efficacité avec le temps
Seulement voilà, “la dopamine ne passe pas la barrière gastro-intestinale, ni la barrière hémato-encéphalique, qui protège le cerveau”, explique le Pr Devos. Pour être efficace, elle ne peut donc être ni ingérée ni injectée. “La solution trouvée au début de l’ère thérapeutique à partir de 1969 a été d’administrer non pas de la dopamine, mais son précurseur, la L-Dopa, sous forme de pilules”, ajoute le neurologue. Mais pour devenir de la dopamine, la L-Dopa doit être transformée par une enzyme dont manquent beaucoup de malades. “Ajouté aux effets secondaires, ce médicament est loin d’être idéal.” Les bénéfices sont importants pour les malades, mais ne durent pas. “Au bout de quelques années, les symptômes reviennent et le médicament agit tour à tour soit trop, soit trop peu, ce n’est pas bien régulé. Prendre ce médicament régulièrement, c’est comme arroser une plante délicate avec seau d’eau de temps à autre, alors qu’elle aurait besoin d’un goutte-à-goutte en continu”, illustre le Pr Devos.
La bonne dopamine au bon endroit du cerveau
C’est une première mondiale : de la dopamine a été délivrée directement dans le cerveau de patients atteints de la maladie de Parkinson, d’après un communiqué du CHU de Lille. Les premiers résultats font état d’une quasi-disparition des mouvements involontaires et d’une diminution de 70% des médicaments oraux. Le dispositif, constitué d’une pompe implantée dans l’abdomen, et d’un petit tuyau délivrant la molécule au cerveau, a été conçu grâce à un partenariat entre le campus de Lille, Inserm et CHU, et la startup InBrain Pharma.
Un manque de dopamine dans le cerveau
“Mon Parkinson a été diagnostiqué il y a onze ans. J’étais arrivé au bout. Je ne pouvais plus travailler… J’étais dans l’incapacité de marcher”, raconte Eric, 57 ans, auprès de la Voix du Nord. Comme lui, quatre patients à court d’options thérapeutiques ont bénéficié d’une nouvelle technologie pour traiter leur maladie de Parkinson. Plus qu’une nouveauté, c’est une grande première mondiale. “Personne n’avait jamais administré un neurotransmetteur directement dans le cerveau !”, appuie le Pr David Devos, neurologue au CHRU de Lille, pharmacologue et co-fondateur de la startup InBrain Pharma, à l’origine de l’innovation. “C’est une équipe d’excellence française dans la maladie de Parkinson, connue pour sa créativité et sa capacité d’innovation, en particulier dans le domaine de la recherche appliquée à la thérapeutique“, appuie le Pr Emmanuel Flamand-Roze, neurologue à la Pitié-Salpêtrière (AP-HP, Paris), qui n’a pas participé à ces travaux. Sur le papier, l’idée était très simple : la maladie de Parkinson est causée par la disparition des neurones produisant de la dopamine. Fabriquer ce neurotransmetteur (substance qui permet la transmission d’informations entre neurones) et l’injecter à l’endroit précis où il était supposé être naturellement produit devrait donc régler le problème.
Des médicaments qui perdent en efficacité avec le temps
Seulement voilà, “la dopamine ne passe pas la barrière gastro-intestinale, ni la barrière hémato-encéphalique, qui protège le cerveau”, explique le Pr Devos. Pour être efficace, elle ne peut donc être ni ingérée ni injectée. “La solution trouvée au début de l’ère thérapeutique à partir de 1969 a été d’administrer non pas de la dopamine, mais son précurseur, la L-Dopa, sous forme de pilules”, ajoute le neurologue. Mais pour devenir de la dopamine, la L-Dopa doit être transformée par une enzyme dont manquent beaucoup de malades. “Ajouté aux effets secondaires, ce médicament est loin d’être idéal.” Les bénéfices sont importants pour les malades, mais ne durent pas. “Au bout de quelques années, les symptômes reviennent et le médicament agit tour à tour soit trop, soit trop peu, ce n’est pas bien régulé. Prendre ce médicament régulièrement, c’est comme arroser une plante délicate avec un seau d’eau de temps à autre, alors qu’elle aurait besoin d’un goutte-à-goutte en continu”, illustre le Pr Devos.
La bonne dopamine au bon endroit du cerveau
Ce goutte-à-goutte, il l’a inventé avec ses collaborateurs d’InBrain Pharma, la Pr Caroline Moreau, neurologue, et le CEO Matthieu Fisichella. Il est constitué d’une petite pompe implantée dans l’abdomen et commercialisée par leur partenaire américain Flowonix, et d’un très fin cathéter (un petit tuyau) qui court de la pompe au cerveau, en passant sous la peau. Là, le cathéter délivre la dose précise de dopamine à la zone exacte qui en a besoin. “Une idée très séduisante sur un plan théorique“, remarque le Pr Flamand-Roze. Mais la difficulté est de taille, et à plusieurs niveaux. D’abord, la dopamine s’oxyde très rapidement lorsqu’elle est au contact de l’oxygène. “En quelques heures, elle devient noire et inefficace”, précise le Pr Devos. Le procédé breveté d’InBrain Pharma permet de fabriquer et stocker de la dopamine en anaérobie, c’est-à-dire sans oxygène, ici remplacé par de l’azote.
Deuxième difficulté, l’opération qui permet l’implantation cérébrale du cathéter, qui doit être très précise. “C’est la même technique que pour implanter les électrodes de stimulation cérébrale profonde, à l’efficacité reconnue. On repère la zone d’intérêt et avec une précision de 0,07 mm, dans une procédure assistée par robot pour placer le cathéter là où il faut”, détaille le Pr Devos. Bien que similaire, cette intervention reste “bien moins risquée” que pour la stimulation cérébrale profonde, et donc plus accessible. ” Le petit cathéter est très fin et n’est introduit que de quelques centimètres dans le cerveau, tandis que la stimulation cérébrale profonde nécessite deux grandes électrodes placées profondément dans le cerveau”, commente le Pr Flamand-Roze. “On fait un petit trou au niveau du crâne et une incision au niveau de l’abdomen pour récupérer le cathéter qui passe sous la peau, derrière l’oreille, dans la nuque, et le long de la paroi abdominale. Les pompes sont remplies par simple piqure à travers la peau toutes les 2 à 3 semaines”, explique le neurologue. “C’est une grande avancée“, s’enthousiasme Marie Fizzeti, directrice scientifique de l’association de patients France Parkinson. “Les personnes atteintes de Parkinson depuis plusieurs années doivent souvent prendre des pilules à intervalle très rapproché, parfois toutes les heures. Ce système permettrait de beaucoup diminuer les prises, et d’améliorer nettement la qualité de vie.“
Deux tiers de blocages et de surdosages en moins
Les premiers résultats communiqués par InBrain Pharma sont très positifs. La prise de médicaments oraux et son cortège d’effets secondaires associés diminue de plus de 70%, jusqu’à un arrêt des médicaments chez l’un d’eux. Quant aux mouvements et immobilisations involontaires caractéristiques de la maladie, ils diminuent de 50 à 90%, en fonction de la dose administrée. “Les premiers patients avaient 4h de blocage et 6h de surdosage par jour, ils sont maintenant à moins d’une heure de simple ralentissement et une demi-heure de très léger surdosage non gênant”, résume le Pr Devos, le tout avec très peu d’effets indésirables.
Reste dans un premier temps à confirmer ces résultats prometteurs sur une douzaine de patients. “Il est difficile à ce stade d’évaluer vraiment la balance entre le bénéfice et le risque. Il faudra plus de données sur plus de patients pour préciser exactement le profil des patients qui bénéficieront le plus de cette stratégie“, confirme le Pr Flamand-Roze. Sous réserve d’une levée de fonds de 16 millions d’euros, ils seront ensuite 100 patients à intégrer en 2024 l’étude de phase 3, la dernière étape avant la demande d’autorisation de mise sur le marché et la commercialisation. En France, Espagne, Angleterre ou Allemagne, de multiples centres européens à l’expertise reconnue dans la maladie de Parkinson devraient être impliqués. “L’étude comparera deux groupes de patients traités avec les médicaments oraux : un groupe aura notre dopamine dans la pompe, et l’autre du simple sérum physiologique pour faire office de placebo”, expose le Pr Devos. Pour espérer, si tout se passe bien, une mise à disposition des patients en 2030.
“Seuls 10 à 15% des patients sont éligibles à la stimulation cérébrale profonde. Ce nouveau dispositif ouvrira des alternatives pour ceux qui ne peuvent pas y prétendre“, espère Marie Fuzzati. Chez France Parkinson, “beaucoup de gens commencent à nous demander des informations sur cette technologie. Mais il faut faire attention, ça ne sera pas pour tout le monde, et pas non plus une baguette magique. Si le traitement oral fonctionne bien, mieux vaut éviter d’utiliser une méthode invasive“.