Le progrès scientifique a permis la création d’une innovation de laboratoire : transmettre aux moustiques de type Aedes aegypti une petite bactérie, la Wolbachia, qui empêche la transmission à l’homme des arbovirus tels que la dengue, le zika ou encore le tristement célèbre chikungunya.
Le procédé date d’il y a quelques années après que le Professeur Scott O’Neill ait réussi l’intégration de la bactérie Wolbachia dans les œufs de moustiques en Australie. Le laboratoire calédonien du World Mosquito Program a alors pu disposer d’une souche de moustique porteur qu’elle a reproduit afin d’obtenir des œufs sains. Ces œufs sont ensuite concentrés dans des gélules avec de la nourriture, de la farine d’anchois fournie par la Provenderie de Saint-Vincent.
Les capsules sont ensuite placées dans un petit pot en carton qui sera à moitié rempli d’eau et disposé dans des endroits adéquats au cœur de la voie publique. Au bout de deux semaines, les larves se transforment en moustiques qui s’échappent de leur lieu de naissance pour aller se reproduire et diffuser ainsi Wolbachia sur toute la Calédonie.
Le World Mosquito Program et sa bactérie Wolbachia connaissant un succès mondial ; l’association tente désormais de se développer à l’international. Déjà présente dans onze pays, les scientifiques et chercheurs testent actuellement de nouvelles manières de distribuer les capsules d’œufs, particulièrement dans des zones dangereuses et difficiles d’accès : l’utilisation du drone pour relâcher les moustiques est à l’essai.
“Le vrai challenge du programme reste de le rendre accessible pour un maximum de personnes, dans un maximum de pays, à des coûts abordables. En parlant de coût, et concernant l’application du programme à Nouméa, on estime à environ 1300 francs par personne et par an son coût d’installation, en sachant qu’il n’aura plus besoin d’être renouvelé par la suite”, confirme la docteure et chef du World Mosquito Program en Nouvelle-Calédonie, Nadège Rossi. A noter que le programme a été lancé à Dumbéa et au Mont-Dore.
Alors que le réchauffement climatique impacte positivement le développement des populations de moustiques et favorise leur migration vers de plus larges zones, les épidémies de dengue, Zika ou Chikungunya explosent à travers le globe. D’autres méthodes innovantes sont actuellement testées : lâcher de mâles porteurs de Wolbachia dont les œufs ne pourront pas éclore, systèmes de destruction des nids dans les gouttières avec la startup calédonienne Aedes System ou encore insecticides divers et variés. Le programme développé par l’association semble être celui qui a le moins d’impact et de conséquences sur l’écosystème et prouve encore une fois que l’innovation doit se mettre au service de l’Homme.
Pour en savoir plus, retrouvez l’interview de Nadège Rossi en intégralité sur NeoTech.nc : https://neotech.nc/rencontre-avec-nadege-rossi-responsable-world-mosquito-program-nouvelle-caledonie/
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