Abys Medical entend faire basculer la chirurgie dans le 4.0 Leave a comment

La scène se passe au bloc opératoire, le chirurgien s’affaire autour de son patient : fracture du poignet, il faut poser des broches. Rien de bien original, mis à part ce drôle de casque que porte le médecin : des lunettes de réalité augmentée. Dans ses yeux, le bloc a tout autre allure. Lui voit un tableau de bord, où apparaît le jumeau numérique du poignet de son patient ; mais aussi, le déroulé, geste après geste, de l’opération qu’il est en train de réaliser, ou encore la liste des instruments qu’il doit manipuler.

Cette scène, Abys Medical entend bien en faire une réalité. La société rochelaise fondée en 2018 ne vise rien de moins que de “faire basculer la chirurgie dans l’ère du 4.0 et s’imposer comme le standard en la matière”, dixit son président co-fondateur Arnaud Destainville. L’idée : “utiliser les technologies de pointe pour individualiser au mieux le traitement des patients, depuis la décision clinique jusqu’à l’opération”. Pour ce faire, lui et son associé Olivier Rochart, ont développé une solution numérique “trois en un” d’assistance aux actes chirurgicaux orthopédiques.

Un outil 100% en ligne

D’abord, une plateforme web sur laquelle les chirurgiens pourront télécharger les examens de leurs patients, créer les jumeaux numériques des membres à opérer et planifier chaque séquence de l’opération à venir.

“Nous avons tout misé sur le calcul à distance et structuré notre solution autour d’un puissant moteur 3D qui fonctionne sur internet, pour garantir une solution en ligne et collaborative”, explique Arnaud Destainville, assurant qu’aucune autre technologie similaire n’existe à ce jour.

Ensuite, le médecin peut commander des implants sur-mesure : l’outil prévoit un service d’impression 3D, “réalisé en matériaux de grade médical comme le titane” par un partenaire implanté près de Poitiers. Et pour finir, la société a développé un “cockpit digital” qui “fournit une assistance sous forme d’hologrammes” : le fameux tableau de bord accessible avec les lunettes de réalité augmentée à utiliser au bloc opératoire.

Abys Medical

Les interfaces d’Abys Medical permettent de visualiser un jumeau numérique de l’opération (crédits : Abys Medical).

Premier la chirurgie vétérinaire

Forts d’une vingtaine d’années d’expérience dans l’industrie médicale, Arnaud Destainville et Olivier Rochart en sont convaincus : les protocoles opératoires sont aujourd’hui dépassés. :

“À l’échelle mondiale, une fracture sur dix est mal soignée”, assure le premier. “Concrètement, ça signifie que le patient devra se faire réopérer dans les trois mois qui suivent la première intervention. Cette situation génère de la dépendance, du handicap, et des coûts économiques”.

Et elle ne devrait pas aller en s’arrangeant, vu l’accroissement de la population et son vieillissement concomitant. D’où leur conviction qu’une standardisation des gestes chirurgicaux s’impose.

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Déjà, le premier produit développé et précommercialisé en chirurgie orthopédique vétérinaire, semble faire mouche. Une dizaine d’opérations ont été réalisées par des vétérinaires partenaires, dont Arnaud Destainville se fait l’écho. “Tous nous ont dit ‘c’est le jour et la nuit’. Ils ont réduit de moitié la durée des opérations et obtenus de meilleurs résultats cliniques.”

Une version “humaine” en 2023

C’est donc pour commercialiser cette première solution, et financer le développement des prochaines à destination de la chirurgie humaine qu’Abys Medical a levé trois millions d’euros en août 2021, accueillant à son capital le fonds d’investissement institutionnel Océan Participations, et des investisseurs privés “à forte expérience dans le domaine de l’industrie de santé”.

“Nous devrions recevoir les certifications américaines d’ici le mois de juin, et les européennes avant la fin de l’année”, précise Arnaud Destainville, qui espère pouvoir commercialiser la version dédiée à la chirurgie humaine dès 2023. En contact avec “l’APHP (Assistance publique Hôpitaux de Paris] et plusieurs CHU de province”, les fondateurs d’Abys Medical ont opté pour une distribution de leur solution en marque blanche : “Gérer la réglementation de 70 pays, c’est long et couteux, nous préférons confier notre technologie à quelques partenaires que l’on connaît, par notre expérience et notre réseau”, explique encore le co-fondateur.

D’autant que la solution développée par Abys “offre la possibilité d’inclure à terme au sein de la plateforme web d’autres segments d’activité de la chirurgie du squelette : chirurgie dentaire, maxillo-faciale, chirurgie de la colonne vertébrale, ou encore ostéoarticulaire”, précisait-elle dans un communiqué fin décembre. Visant même au-delà : “le concept peut être étendu à d’autres spécialités médicales telles que la cardiologie, la neurochirurgie, la chirurgie vasculaire, l’oncologie, etc.”

Ce développement nécessite de nouveaux recrutements pour consolider l’équipe actuelle – une trentaine de collaborateurs. Juristes, spécialistes de la propriété intellectuelle, gestionnaires de fournisseurs : la société doit désormais intégrer des fonctions structurelles pour enclencher sa conquête du marché.

Anne Farthouat

21 Févr 2022, 6:29

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