Ces entreprises qui innovent en santé et sécurité au travail Leave a comment


Patrick Perreault a donc eu l’idée de créer un stabilisateur d’échelle qui s’adapte à tous les types de toits. (Photo: courtoisie)

SANTÉ ET SÉCURITÉ AU TRAVAIL DANS LES PME. Les innovations en santé et sécurité au travail (SST) sont nombreuses. En voici trois exemples diversifiés. 

Patrick Perreault travaille depuis plus de 25 ans pour Bellemare Couvertures, une PME de Joliette qui compte une cinquantaine de couvreurs. Un métier où les allers-retours sur les toits sont légion. « J’en avais assez de voir des accidents d’échelle et d’avoir à ramasser des gens en bas », explique ce contremaître. Rappelons qu’en 2020, selon les statistiques de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), près de 15 000 doss iers ont été ouverts concernant des chutes. 

Patrick Perreault a donc eu l’idée de créer un stabilisateur d’échelle qui s’adapte à tous les types de toits. Après sept ans de recherche et développement et des tests avec une douzaine de prototypes, il est parvenu à concevoir un modèle universel qui s’installe rapidement et qui garantit la sécurité pour les travailleurs. Fabriqué à partir d’aluminium québécois et assemblée dans la province, principalement dans la région de Lanaudière, son stabilisateur d’échelle a d’ailleurs remporté le Grand Prix SST 2020 de la CNESST dans la catégorie PME. 

Avec André Boucher, président de Bellemare Couvertures, le contremaître décide alors d’offrir son innovation sur le marché par l’entremise de leur nouvelle entreprise, ProtecMi. « On investit beaucoup en santé et sécurité au travail, indique André Boucher. Le prix de la CNESST prouve qu’on n’a pas prêché dans le désert toutes ces années ! »

Selon Michel Pérusse, professeur associé à l’école de gestion de l’Université de Sherbrooke, il s’agit d’un exemple caractéristique de ce domaine. « Généralement, les innovations récompensées en SST proviennent d’idées de travailleurs. Ils ne sont peut-être pas ingénieurs, mais ingénieux, assurément », sourit ce spécialiste.

« La base, ce sont en effet les utilisateurs eux-mêmes », confirme Alain Ponsard, conférencier, formateur et coach en SST. Mais pour favoriser la créativité, il faut que le climat soit favorable et que l’environnement de travail soit déjà sécuritaire. » Bref, qu’il y ait déjà une bonne culture SST en place.

 

Un harnais pour ne plus avoir à se casser le dos

Sacha Declomesnil, lui, exerçait plutôt à titre de consultant en stratégie d’affaires avant de lancer, en juin dernier, une entreprise de vente d’exosquelettes pour travailleurs ayant des tâches physiques répétitives. Umanistic dispose en effet de la licence de distribution exclusive au Canada du Hapo (pour harnais de posture), conçu par la société française Ergosanté… dans laquelle travaille son frère. 

« Ce dispositif ne crée pas des hommes augmentés, mais protégés, précise l’entrepreneur montréalais. Avec le Hapo, tu ne porteras pas 5 kg de plus, tu n’auras juste plus mal au dos. » 

Le système est purement mécanique : des tiges ultrarésistantes se courbent quand le travailleur se baisse, puis l’aident à se relever par la suite. « Il est moins technique que les autres modèles sur le marché, donc moins cher et ainsi accessible pour des PME », fait valoir Sacha Declomesnil. Il faut compter quelques milliers de dollars par dispositif. 

Les clients d’Umanistic travaillent essentiellement dans le secteur manufacturier et de la construction. « [Notre produit] génère des économies pour les entreprises qui dépensent beaucoup en SST », confie celui qui ambitionne d’en vendre une cinquantaine par mois au Canada – alors que le 1000e harnais Hapo s’apprête à sortir d’usine, moins de deux ans après sa mise sur le marché. Umanistic prévoit également commercialiser bientôt un harnais destiné aux épaules et aux bras.

 

Un secteur encore hautement «numérisable»

L’innovation en SST passe également par le numérique. En effet, de nombreuses plateformes en qualité, hygiène, sécurité et environnement de travail ont été lancées ces dernières années, à l’image de celle de BlueKanGo. 

« Avec la pandémie, de nombreuses entreprises ont pris conscience qu’elles devaient optimiser leurs processus et se sortir de la charge administrative des sujets SST », remarque Thibault Genève, le directeur au Canada de cette entreprise française qui compte une quinzaine de salariés au Québec.

Celle-ci a d’ailleurs été très réactive au plus fort de la crise. En quelques semaines, elle a mis en place pour ses 3 500 clients à travers le monde un suivi numérique, sur une application cellulaire, qui permettait d’identifier rapidement les personnes à risque de COVID-19 lors de leur entrée dans l’usine. Elle a par la suite lancé une fonctionnalité d’audit à distance par visio-expertise, destinée aux responsables SST que les mesures sanitaires empêchaient de faire des visites d’usines.

« Aujourd’hui, on fait appel à nous pour aider les personnes responsables de la SST à se concentrer sur des tâches à plus haute valeur ajoutée, mais aussi pour pallier au manque de ressources humaines dans le domaine », note Thibault Genève, lui-même un ancien responsable SST. Pour BlueKanGo, la pénurie de main-d’œuvre est ainsi devenue une occasion d’affaires et un vecteur d’innovation.

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