L’éditeur de logiciels de modélisation 3D Dassault Systèmes et l’Inria poursuivent leur collaboration dans le domaine de la santé et de la cybersécurité. Ils ont l’ambition de présenter un modèle de coopération entre agences publiques et entreprises pouvant déboucher sur une agence de financement de l’innovation de rupture.
Déjà partenaires, Dassault Systèmes et l’Inria vont présenter dans quelques jours une alliance stratégique dans le domaine des jumeaux numériques appliqués au secteur de la santé et de la cybersécurité. C’est ce qu’ont indiqué Bernard Charlès, directeur général du numéro 1 français des logiciels, et Bruno Sportisse, PDG de l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (ex Institut national de recherche en Informatique et en Automatique), à nos confrères du Journal du Dimanche. Selon le dirigeant du groupe Dassault Systèmes, spécialiste de la conception et modélisation 3D et de la gestion du cycle de vie des produits, cet accord « peut servir de modèle de coopération entre agences publiques et entreprises ». Dans la santé, Dassault Systèmes a renforcé sa position en 2019 en rachetant 5 Md€ l’éditeur américain Medidata, spécialisé dans l’analyse de données d’essais cliniques, pour mettre en oeuvre dans le domaine du corps humain les capacités de jumeaux virtuels qu’il réalisait jusque-là dans les secteurs de l’automobile et de l’aéronautique.
A travers leur coopération, l’éditeur et l’institut de recherche ont l’ambition d’ouvrir la voie vers une agence qui financerait des innovations de rupture en Europe dans le domaine de la santé et de la cybersécurité. Des initiatives pour pousser les innovations dans d’autres secteurs existent comme celui de la défense avec par exemple l’AID (agence de l’innovation de défense) en France ou la Darpa aux Etats-Unis (l’agence américaine qui travaille sur des projets avancés de recherche pour la Défense).
Visualiser, tester, comprendre et prédire
Au CES 2022, qui s’est tenu début janvier à Las Vegas, Dassault Systèmes a présenté ses avancées sur ce terrain. Sa plateforme 3DExperience permet maintenant de créer une expérience de jumeau virtuel sur le corps humain et d’offrir ainsi un espace pour intégrer la modélisation, la simulation, les données et la collaboration des différentes parties prenantes. Les modèles virtuels du coeur, du cerveau et des poumons ont progressé à tel point qu’il est maintenant possible de réaliser un jumeau virtuel complet du corps humain, explique le groupe français sur son site. « L’industrie, les chercheurs, les médecins et même les patients peuvent visualiser, tester, comprendre et prédire ce qui ne peut être vu, avant que le patient ne soit traité, depuis la façon dont les médicaments agissent sur une maladie jusqu’à ce que l’on peut attendre d’une intervention chirurgicale ».
L’Inria de son côté est engagé dans de nombreux projets de recherche sur les outils de support au diagnostic, à l’analyse des examens médicaux et à la personnalisation des traitements, entre autres. Il y a quelques jours, l’Institut a notamment communiqué sur le projet Simbiotx, lancé en mars 2021 par Dirk Drasdo et Irene Vignon-Clementel. Le premier est spécialiste de la bio informatique au niveau cellulaire, la deuxième de l’ingénierie biomédicale in silico. Ils travaillent sur la construction de jumeaux d’organes humains et sur le système de circulation qui les relie afin de faire progresser la chirurgie spécifique à ces domaines.
Outre la santé, Dassault Systèmes et l’Inria comptent également travailler ensemble dans le domaine de la cybersécurité, mais aucun détail sur ce sujet n’a pour l’instant encore filtré. A suivre donc.