La vaccination des soignants: un devoir éthique qui devrait être librement consenti Leave a comment

Un engagement du personnel soignant (déjà en exercice ou futurs diplômés) à se vacciner contre les maladies nosocomiales pourrait être un des éléments constituant un accès à la profession, suggère Michel Goldman.

belgaimage-171541102-fullDPAImage auteur par défaut Image auteur par défaut Carte blanche – Par Michel Goldman, président de l’institut interdisciplinaire pour l’innovation en santé (I3h), Université libre de Bruxelles Publié le 29/11/2021 à 13:39Temps de lecture: 3 min

L’écoute des soignant.e.s qui s’opposent à la vaccination obligatoire révèle un grand paradoxe : ils rejettent la contrainte tout en affirmant l’amour de leur métier et leur dévouement sans faille aux malades. Or un des principes essentiels de la médecine, c’est de prendre toutes les précautions nécessaires pour éviter de nuire aux patients. C’est le fameux Primum non nocere qui sous-tend le serment d’Hippocrate presté par tous les médecins avant qu’ils soient autorisés à pratiquer.

Parmi les risques que le personnel soignant peut faire courir aux patients les infections nosocomiales figurent à l’avant-plan. Songeons à tous ces malades qui dans le passé ont été contaminés à l’hôpital par le virus de l’hépatite B. La vaccination obligatoire du personnel soignant a sans aucun doute contribué à faire disparaître cette complication majeure dans des environnements à haut risque comme les unités d’hémodialyse. Les infections par les bactéries résistantes aux antibiotiques représentent aujourd’hui un des grands fléaux qui mettent à mal la santé publique. Le personnel soignant est fréquemment impliqué dans la transmission de ces microbes hyper résistants et il est donc soumis à une observance stricte de certaines règles de base, au premier rang desquelles le lavage rigoureux des mains avant et après les soins donnés à chaque malade. À lire aussi Pierre-Yves Dermagne sur l’accord sur l’obligation vaccinale: «Le soignant peut s’opposer à un licenciement, c’était essentiel pour nous»

Des clusters aux origines multiples

Le Covid fait indubitablement partie des maladies nosocomiales. Il est bien établi que les hôpitaux et autres institutions de soins sont des endroits à haut risque où naissent des clusters aux conséquences désastreuses tant pour les patients que pour le personnel soignant et leur entourage. Les origines de ces clusters sont multiples : patients eux-mêmes, visiteurs, mais il est indéniable que du personnel non-vacciné est parfois en cause. Une étude américaine a parfaitement établi que les infections nosocomiales sont plus fréquentes dans les institutions où opère du personnel non vacciné. A l’heure où circulent des variants de plus en plus contagieux, il est essentiel de protéger toutes celles et tous ceux qui séjournent ou travaillent dans les institutions de soin. Si la dangerosité du nouveau variant Omicron reste à établir, il est peu douteux que les patients âgés et atteints de comorbidité resteront exposés à développer des formes graves et mortelles de la maladie.

Changer la nature du débat

Dans ce contexte, il est essentiel d’informer tous les soignants non-vaccinés des risques qu’ils font courir à leurs patients. Leur vaccination est la mesure essentielle pour minimiser ces risques, même si son efficacité n’est pas absolue et qu’elle doit s’accompagner du respect strict des autres règles d’hygiène. Le débat actuel devrait donc changer de nature et être placé dans le cadre d’un devoir éthique qui s’impose naturellement à tout soignant. À lire aussi «Un soignant qui ne croit pas en la médecine n’a pas sa place à l’hôpital»

En pratique, il s’agit d’envisager de demander à tous les soignants un engagement qui viendrait s’ajouter à celui exigé des futurs médecins. La vaccination contre les infections nosocomiales en serait un des éléments importants. Pour les futurs diplômés, il s’agirait d’une déclaration exigée pour l’accès à la profession. Pour les professionnels en activité, il leur serait demandé de souscrire à cet engagement sur base volontaire. En cas de refus, ils s’excluraient de fait eux-mêmes de tout contact direct avec les patients. Il serait ensuite de la responsabilité des institutions hospitalières de communiquer toutes les mesures qu’ils prennent pour prévenir les infections nosocomiales au covid, y compris l’écartement du personnel soignant non-vacciné de tout contact avec les patients.

 

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