Télémédecine, IA, biotechnologie… Au Canada, l’innovation au… Leave a comment

“Répondre à des besoins utilisateurs”, “passer à l’échelle”, “procéder par itération”… A l’entendre, on pourrait la prendre pour une startuppeuse. Pourtant, Kathy Malas est… orthophoniste ! Cette professionnelle de santé n’en est pas moins férue d’innovation depuis sa participation à un “hackathon”, un événement de programmation informatique, en 2014. “Comme pour la recherche scientifique, on part d’un problème, on teste une solution et on essaie de la pérenniser”, affirme celle qui a gagné un prix pour son application mobile de dépistage des problèmes de langage chez l’enfant. Une passion devenue un métier : Kathy Malas est, depuis 2018, directrice du pôle d’innovation et d’intelligence artificielle (IA) du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM). Un poste créé en même temps que l’école de l’intelligence artificielle en santé du CHUM, la première du genre au monde, afin de favoriser l’émergence de solutions innovantes pour améliorer la santé de la population. 

Le Covid-19 comme accélérateur

Illustration concrète des actions déjà menées : l’établissement (un demi-million de patients par an) a mis en place, en janvier 2021, un système d’envois automatiques de textos pour informer les proches d’une personne en chirurgie de la progression de l’opération. 

Six mois plus tard, le CHUM, cité par le magazine américain Newsweek dans son palmarès des hôpitaux les plus innovants au monde, lançait une plateforme pour faciliter la prise de rendez-vous en oncologie, grâce à des algorithmes. “Auparavant, les secrétaires devaient prendre en compte une quarantaine de contraintes. Cette solution leur a fait gagner deux heures de travail par jour”, détaille Kathy Malas. Confronté à des enjeux de moyens et des délais d’attente interminables, le système de santé publique cherche ainsi de plus en plus son salut dans l’innovation. Surtout depuis la pandémie, qui a accéléré la numérisation des services. “C’est une manière de trouver un bon compromis entre un meilleur service et un moindre coût”, estime Didier Leconte, vice-président sciences de la vie et technologie au sein d’Investissement Québec. 

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L’illustration la plus évidente ? L’essor phénoménal de la télémédecine ces deux dernières années. En Ontario, entre 2019 et 2020, le nombre de visites chez le médecin a reculé de 80%, tandis que les consultations en ligne bondissaient de 5600%, selon un cabinet de recherche indépendant. Dans la foulée, une étude de l’Association médicale canadienne (AMC), l’organisme de représentation de la profession, indiquait que seulement six Canadiens sur dix préféraient à l’avenir un contact physique avec un médecin ­ contre 20% par téléphone et 14% en visioconférence. “La télémédecine a gagné dix ans en matière de pénétration sur le marché grâce à la pandémie”, résume Didier Leconte. 

“Au Québec, il faut attendre 599 jours pour obtenir l’équivalent d’un médecin traitant, enchaîne Adrien Gaudon, qui travaille pour Dialogue, l’une de ces plateformes de soins en ligne. Notre service permet d’aider les Canadiens à avoir un meilleur accès à la santé.” Ce Toulousain, ancien développeur Web, arrivé en 2012, est responsable de produit numérique pour la start-up montréalaise depuis trois ans. Créée en 2016, cotée à la Bourse de Toronto, celle-ci compte plus de 1000 salariés, dont 80% à des postes médicaux. “Des médecins ou infirmiers sont devenus des managers d’une entreprise technologique, des rôles qu’ils n’auraient jamais pu avoir dans le public”, poursuit-il. 

Un écosystème en plein essor

Les clients de ces services de télémédecine sont avant tout des entreprises souhaitant améliorer les avantages sociaux de leurs salariés. Ce système ne risque-t-il pas alors de conforter une médecine à deux vitesses dans le pays ? “La philosophie doit rester l’équité universelle pour l’accès aux services de santé, indépendamment du lieu d’habitation ou de la classe sociale”, répond le Dr Abdo Shabah, urgentiste et membre du conseil d’administration de l’AMC. “Le privé et la tech agissent comme une locomotive qui tracte les innovations de l’ensemble du système”, précise de son côté Adrien Gaudon. 

Selon le cabinet PwC, les dépenses en santé numérique devraient plus que doubler d’ici à 2030. De quoi donner des idées à de nombreux entrepreneurs. “La santé est le secteur où se trouve le plus grand potentiel de transformation technologique ces cinq prochaines années, affirme le Dr Shabah. La pandémie a mis en lumière les failles du réseau et le paysage s’est complètement transformé avec l’arrivée progressive des géants du numérique.” L’ancienne directrice de Google à Montréal, Marie-Josée Lamothe, aujourd’hui directrice académique du Centre Dobson pour l’entrepreneuriat de l’Université McGill, confirme cette révolution. Elle a ouvert, en octobre dernier, un programme dévolu aux start-up de la santé. 

Le Canada compte déjà de belles réussites dans le domaine. A Toronto, les épidémiologistes et ingénieurs informatiques de BlueDot, société fondée sur l’IA qui détecte les maladies infectieuses et anticipe leur propagation sur la planète, ont été les premiers à déceler l’éclosion d’un nouveau coronavirus en Chine, le 31 décembre 2019, soit dix jours avant que l’Organisation mondiale de la santé évoque publiquement celui qui causera la pandémie de Covid-19. La start-up montréalaise Paperplane Therapeutics a, elle, conçu des jeux thérapeutiques en réalité virtuelle, utilisés notamment lors de la campagne de vaccination des 5 à 11 ans. 

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A noter également, dans un registre plus industriel, la construction à Montréal de la nouvelle usine de fabrication de vaccins à ARN messager du laboratoire Moderna, qui devrait produire pas moins de 100 millions de doses par an. Didier Leconte se réjouit : “Avec nos talents et nos chercheurs de renom d’un bout à l’autre du pays, le Canada démontre effectivement son expertise historique en biotechnologie.” 

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