Toulousain(e) de l’année : Pascale Bouillé, la recherche et l’innovation en partage Leave a comment

l’essentiel La biotech toulousaine Flash Therapeutics développe des technologies de transfert d’ADN et d’ARN pour traiter les maladies génétiques, les cancers et les virus. Pour Pascale Bouillé, sa présidente, l’année qui s’achève est exceptionnelle avec la mise au point d’un vaccin contre le Covid 100 % toulousain.

« Je dis souvent que j’aurais aimé être maçonne pour savoir construire. J’aime faire des travaux et n’ai jamais pu habiter une maison que je n’avais pas détruite et refaite » Vous l’aurez compris, Pascale Bouillé est une bâtisseuse, passionnée par la recherche en biochimie, la virologie et surtout l’innovation. Son moteur ? « Manager une équipe pluridisciplinaire au service d’une histoire dont on ne connaît pas encore le réel devenir ». Une histoire qu’elle écrit au quotidien au sein de la société Flash Therapeutics (initialement Vectalys), qu’elle a créée à Toulouse, il y a 16 ans, pour avancer sur les thérapies géniques.

Après avoir travaillé comme chercheuse à l’institut Pasteur dans l’équipe de Luc Montagnier sur le virus du sida (VIH). Son labo installé désormais sur le site de l’Oncopole, a, depuis, fait sa place dans le monde hyperconcurrentiel des biotechs. Aujourd’hui, Flash Therapeuticsemploie une quarantaine de personnes, réalise 50 % de son chiffre d’affaires à l’étranger et compte 400 clients dans le monde à qui elle propose d’accélérer la mise au point de médicaments grâce à sa technologie ADN de transfert de gènes pour les maladies génétiques rares et sa technologie ARN messager pour les thérapies contre le cancer.

L’irruption du virus du Covid 19 a changé la donne. L’occasion pour Pascale Bouillé de valider les travaux de son équipe qui s’est mise sur les rangs pour produire un vaccin 100 % toulousain. « Notre démarche est d’exploiter les propriétés des virus pour les faire entrer dans les cellules et les tissus humains sans leurs propriétés pathogènes, explique-t-elle. Nous avons breveté en 2015 une technologie ARN messager par bioproduction. Nous emballons l’ARN dans un emballage identique à celui du virus. Les tests chez l’animal ont été concluants, notre technologie conduit à la production d’anticorps neutralisants et la réponse est bonne ». La particularité du vaccin de Flashthérapeutics par rapport aux produits de Pfizer BioNTech ou de Moderna est d’être entièrement d’origine biologique. Il est prêt à être produit et commercialisé au second semestre 2022. L’enjeu est de taille et la société de Pascale Bouillé a réussi à lever 15 millions d’euros auprès de deux fonds financiers pour doubler en deux ans sa capacité de production et ses effectifs dans la Ville rose. L’État a même mis la main à la poche en offrant 1,5 million d’euros. La région Occitanie aussi. Une reconnaissance.

« Les vaccins, il faut les faire aussi dans des stratégies anti-cancer. Il faut apporter des réponses sur la crise actuelle, mais prévenir aussi les prochaines »

Et si on lui demande si son vaccin n’arrive pas trop tard, cette battante n’a pas de doutes. « Il y a des variants sur lesquels on peut travailler. Et surtout, il y aura possiblement d’autres infections. Ces vaccins, il faut les faire aussi dans des stratégies anticancer. Il faut apporter une réponse à la crise actuelle, mais aussi prévenir les prochaines pour ne pas revivre ce que nous avons vécu ». De fait, la première utilisation de la technologie à ARN messager bioproduit de Flash Therapeutics pourrait concerner un projet de médecine réparatrice mené avec le CHU de Toulouse et financé par un programme européen.

« Nous travaillons sur le lymphœdème ou syndrome du gros bras, qui survient notamment chez les femmes traitées pour un cancer du sein. Dix à quinze patientes toulousaines devraient intégrer l’essai clinique », précise Pascale Bouillé. Mais cette sportive, adepte de la course à pied, essaie toujours d’avoir un coup d’avance avec un maître mot : s’adapter. « Naturellement nous avons un plan de développement précis pour notre labo, mais nous savons aussi que l’environnement externe peut venir amplifier ce développement si nous sommes prêts. L’exemple de BioNTech avec le vaccin Pfizer est fort. Ils fabriquaient des vaccins depuis dix ans sur des maladies existantes et l’arrivée de la crise sanitaire a réorienté toute leur activité vers le coronavirus. Ils ont su s’adapter en quelques semaines. C’est l’essence d’entreprises innovantes comme la nôtre »

Pour le reste, Pascale Bouillé confesse son goût pour une vie simple, en famille avec ses trois enfants. Mais sa trajectoire scientifique et professionnelle est tout sauf ordinaire…

En quelques dates

1967 : Naissance à Auxerre
1996 : Elle conclut sa thèse en biochimie avec un axe biologie moléculaire et cellulaire à Paris.
2005 : Pascale Bouillé crée la société Vectalys au cœur de la pépinière biotech de Toulouse, rue des Satellites.
2018 : Naissance de la société Flashtherapeutics qui se veut une plateforme de bioproduction à grande échelle.
2021 : Flash Therapeutics s’installe sur le site de l’Oncopole et confirme ses ambitions en levant 15 millions d’euros sur trois ans auprès des fonds de financement Techlife Capital et Elaia Partners avec un soutien de l’Etat de 1,5 million d’euros et celui de la région Occitanie.
2022 : Des discussions avec des industriels sont en cours pour développer un partenariat et proposer une première production de lots de vaccins ARN contre le Covid au deuxième semestre.

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