FineHeart boucle une levée de 21 millions d’euros pour tester sa mini-pompe cardiaque sur l’Homme Leave a comment

La start-up FineHeart, à l’origine d’un traitement innovant de l’insuffisance cardiaque sévère, annonce ce mercredi 15 décembre 2021 avoir levé 6 millions d’euros, portant sa série B à 21 millions d’euros. Son objectif est d’entrer en phase d’essai clinique sur l’Homme d’ici la fin 2022.

Ce nouveau financement finalise l’opération de 15 millions d’euros menée en juin 2021 avec les groupes industriels Lauak, et Doliam, la holding des fondateurs de FineHeart qui regroupe des souscripteurs internationaux privés, majoritairement issus de la cardiologie, suivis par le fonds d’investissement européen Verve Ventures. Ils avaient rejoint les actionnaires historiques Irdi, Aquiti, Galia, Broadview Ventures, et M Capital. 

Basée à Pessac près de Bordeaux, cette jeune pousse a été fondée en 2010 par une équipe de chirurgiens cardiaques et d’électro-physiologistes dirigée par Arnaud Mascarell, directeur général de FineHeart et ancien directeur marketing et commercial et des essais cliniques chez Medtronic, Stéphane Garrigue (CSO), cardiologue interventionnel et chirurgien cardiaque à la clinique Saint-Augustin, et Philippe Ritter, inventeur de la resynchronisation cardiaque (CRT).

Une mini-pompe sans fil
Elle a développé un nouveau type de traitement contre l’insuffisance cardiaque sévère. Cette pathologie désigne l’incapacité du coeur à pomper suffisamment de sang pour oxygéner correctement l’ensemble des organes du corps. Elle est qualifiée de “sévère” lorsque la fraction d’éjection ventriculaire (FEV), soit le pourcentage du sang contenu dans un ventricule qui est expulsé lors d’un battement, est inférieure à 30% (la FEV est de 60% pour une personne non malade). 

Le traitement prend la forme d’une mini-pompe cardiaque sans fil qui se situe entre le pacemaker (stimulateur cardiaque relié au cœur par l’intermédiaire d’une ou plusieurs sondes) et la pompe d’assistance conventionnelle. La particularité de cet “Icoms Flowmaker” : l’utilisation d’une petite turbine implantable en titane de 10 centimètres (image ci-dessous) qui est “synchronisée avec la contraction cardiaque“, détaille Arnaud Mascarell à L’Usine Digitale. “Nous nous appuyons sur l’énergie native du coeur pour accélérer le débit cardiaque, mais certainement pas pour le remplacer“, ajoute-t-il. 

La turbine fonctionne de façon pulsative. Ainsi, “quand le coeur se remplit, elle fonctionne à très bas régime pour ne pas gêner le remplissage, explique le CEO. Puis, elle s’accélère dès que le coeur se contracte et que la valve s’ouvre.”

Une opération moins invasive
En pratique, l’intervention dure environ une heure et demie et passe par une thoracotomie (ouverture du thorax) pour arriver à la pointe du coeur. Une incision de 10 centimètres est faite à ce niveau sans arrêter le coeur et sans circulation extracorporelle. La mini-pompe est introduite dans le ventricule gauche et la batterie (image ci-dessous) est placée sous les muscles de l’abdomen, sous le sternum. Le dispositif est donc sans fil externe. 

La batterie a actuellement une autonomie de 4 à 6 heures, se recharge par induction et doit être changée tous les trois ans environ. “Nous pourrons certainement donner davantage d’autonomie sur des générations futures“, précise Arnaud Mascarell. 
 

Un dispositif réglable en fonction des patients
Autre spécificité : l’Icoms Flowmaker est réglable en fonction des caractéristiques et des besoins du patient. “La turbine est paramétrée selon chaque patient, détaille le CEO. La pompe est capable de reconnaître s’il fait un effort, s’il fait des arythmies… comme ce que l’on fait avec les pacemakers depuis des années.” En pratique, sur la base d’échographies, le cardiologue va ajuster les paramètres de la pompe en fonction de la force contractile et de la fraction d’éjection native, “toujours dans un souci d’assurer le maximum d’autonomie à la batterie et ne pas rentrer en conflit avec la contraction native“. 

L’Icoms Flowmaker se veut être une alternative innovante aux traitements actuels de l’insuffisance cardiaque sévère. Lorsque les médicaments ne suffisent plus, trois choix (au mieux) se présentent au patient : une transplantation cardiaque, un dispositif d’assistance ventriculaire gauche (DAVG) ou un coeur artificiel. Tandis que le recours à ce dernier est encore rare, la greffe reste exceptionnelle et le DAVG possède de nombreuses limites. En effet, les DAVG fonctionnent sur le principe suivant : “une canule est installée dans le coeur avec une pompe à l’extérieur qui aspire le sang et qui prend ensuite un itinéraire bis et rejette le sang dans l’aorte“, schématise Arnaud Mascarell.

Or, ces dispositifs ont un écueil majeur : en plus de la lourdeur de l’opération, “étant donné qu’ils ont vocation à remplacer le travail complet du coeur, ils ont besoin de beaucoup d’énergie pour fonctionner“. Les patients sont donc équipés d’une batterie externalisée (1,5 kg) reliée au dispositif par un câble qui sort à travers la peau du vente. Au-delà de l’inconfort, et ce malgré des améliorations continues, ce fonctionnement engendre un risque accru d’infection (plus de 30% des patients en décèdent). 

Objectif : Une commercialisation en 2025
La nouvelle pompe a déjà été testée sur une cinquantaine d’animaux. En octobre 2020, une étude préclinique a été menée sur un veau pendant 30 jours et a démontré “une très bonne tolérance clinique“. Le début des premiers essais cliniques sur l’Homme a été fixé en 2022, d’où cette levée de fonds pour “procéder aux derniers développements et faire tous les derniers tests de validation afin de compléter le dossier réglementaire“. L’étape suivante est le marquage CE, et donc la possibilité de commercialiser l’Icoms Flowmaker sur le marché européen. Elle est fixée à 2025. 

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