Pour un humanisme en santé Leave a comment


Dr Jean-François Thébaut, Vice-Président de la Fédération française des diabétiques.

Véritable « crash-test » pour le système de santé français, la pandémie a mis au jour les forces et les faiblesses d’un écosystème orienté sur le soin plutôt que la prévention, mal préparé aux crises sanitaires et administré plutôt que piloté. Pour autant, la crise révèle aussi la formidable résilience des professionnels de santé et le potentiel de la santé numérique, illustré par l’explosion de la téléconsultation.

Pour les associations de patients, le constat est posé : la démocratie en santé, édifiée solennellement depuis le 4 mars 2002 et opérationnelle sur le papier, n’a pas fonctionné. Les représentants des patients ont été oubliés et écartés des décisions au moment du premier confinement. Cela ne nous a pas empêchés, à la Fédération française des diabétiques (FFD), de pouvoir agir au bénéfice des personnes atteintes de diabète, grâce à la qualité d’une relation intuitu personae avec les décideurs sanitaires, en particulier l’Assurance-Maladie ; mais cela ne saurait tenir lieu de méthode de gouvernance. La dynamique de la démocratie en santé doit être relancée et favoriser l’expression des patients.

Il est urgent de revoir le pilotage du système de santé sur un mode plus transversal, à l’échelle des bassins de vie et en associant des patients formés à l’élaboration des projets territoriaux de santé. Il faut également développer la prévention et l’éducation en santé, en incitant les professionnels de santé, en particulier en ambulatoire, à s’y engager. Il faut par ailleurs accompagner l’essor de la littératie (capacité à trouver la bonne information) en santé, en priorité pour favoriser l’accès de tous les citoyens aux solutions technologiques et numériques et faciliter leur implication dans la gestion de leur maladie. Ces enjeux sont majeurs pour la prise en charge du diabète, alors que les enquêtes que nous menons avec le Diabète LAB illustre le poids du gradient social.

Les personnes les plus défavorisées sont aussi les plus touchées par le diabète de type 2, elles sont plus éloignées du soin, moins compliantes en termes de suivi des traitements, plus souvent concernées par les complications de la maladie.

Cette réalité sanitaire appelle à refonder notre système de santé sur les bases de valeurs qui sont au cœur de notre projet associatif : la promotion de l’humanisme en santé.

Article extrait du dossier Grand Angle spécial Diabète réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 14 novembre 2021.

Photo © FFD / DR

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